Alors que l’opposition pro-européenne géorgienne conteste les résultats des récentes élections législatives, la présidente Salomé Zourabichvili porte de graves accusations. Selon cette dernière, opposée au gouvernement en place, un système “sophistiqué” de fraude électorale aurait permis au parti au pouvoir, le Rêve géorgien, de l’emporter. Plus encore, elle estime que cette fraude relèverait d’une “méthodologie russe”.
Une fraude électorale multiforme
Au cours d’un entretien accordé à l’AFP, la cheffe de l’État géorgienne a détaillé les différentes formes qu’auraient prises ces manipulations du scrutin. Parmi les méthodes employées :
- L’utilisation frauduleuse du vote électronique, un même numéro de carte d’identité ayant servi pour de multiples votes dans différentes régions
- Des achats de voix et des pressions sur les détenteurs d’emplois publics
- Du chantage auprès des familles de prisonniers, avec des promesses de libération
- De l’argent distribué à la sortie des bureaux de vote
Pour Mme Zourabichvili, le degré de “planification”, de “sophistication” et “d’exactitude dans les cibles” dépasse les capacités d’un “gouvernement classique” cherchant à se maintenir au pouvoir. Un constat qui l’amène à pointer du doigt l’implication de la Russie.
L’ombre de Moscou
Cette ingérence présumée de Moscou dans le processus électoral géorgien fait écho aux tensions persistantes entre les deux pays, treize ans après la guerre éclair qui les a opposés en 2008. À l’issue de ce conflit, la Russie a reconnu l’indépendance de deux régions séparatistes géorgiennes, l’Abkhazie et l’Ossétie du Sud, où elle maintient des bases militaires.
Dans ce contexte, les accusations de la présidente Zourabichvili prennent une dimension géopolitique. Celle-ci avait initialement annoncé la victoire de l’opposition pro-européenne, avant de dénoncer “une opération russe spéciale, une forme moderne de guerre hybride contre le peuple géorgien” suite à l’annonce des résultats officiels.
Une crise politique majeure
Refusant de reconnaître sa défaite, l’opposition accuse le parti au pouvoir de dérive autoritaire prorusse. La présidente Zourabichvili a de son côté appelé ses compatriotes à manifester, faisant planer le spectre d’une grave crise politique dans le pays.
Cette séquence électorale sous haute tension illustre la position délicate de la Géorgie, tiraillée entre ses aspirations pro-occidentales et l’influence toujours prégnante de son puissant voisin russe. Les prochains jours s’annoncent décisifs pour ce petit pays du Caucase, qui risque de voir ressurgir avec force ses déchirements et ses fragilités.
