Se garer à Paris peut rapidement tourner au casse-tête pour les automobilistes. Entre les tarifs prohibitifs, les places qui se font rares et les contrôles stricts, la moindre incartade peut coûter cher. Pourtant, il semblerait que certains aient trouvé la parade pour contourner le paiement du stationnement. Une faille bien pratique, mais qui donne du fil à retordre à la municipalité.
Stationnement à Paris : un vrai casse-tête
Conduire dans la capitale relève souvent du parcours du combattant. Embouteillages, rues étroites, zones piétonnes… Autant d’obstacles qui rendent la circulation difficile. Mais c’est surtout au moment de se garer que les choses se compliquent. Car entre les places payantes, les zones résidentielles et les parkings privés, trouver un espace libre relève presque du miracle.
Et même quand on pense avoir déniché la perle rare, il faut encore s’acquitter d’un ticket de stationnement. Des tarifs qui peuvent rapidement grimper selon les arrondissements et la durée. Il faut compter en moyenne 4 € de l’heure dans le centre de Paris, et jusqu’à 6 € dans certaines zones très fréquentées. De quoi faire réfléchir à deux fois avant de laisser sa voiture sur la voie publique.
La combine des tickets handicapés
Face à ces tarifs dissuasifs, certains automobilistes ont trouvé une astuce pour contourner le paiement. Leur secret ? Utiliser des tickets réservés aux personnes handicapées. Car la loi impose la gratuité du stationnement pour les détenteurs d’une carte mobilité inclusion (CMI) ou d’une carte européenne de stationnement (CES).
Le problème, c’est que les horodateurs délivrent ces fameux tickets handicapés à n’importe qui. Il suffit d’appuyer sur le bon bouton pour obtenir un ticket gratuit, sans aucun contrôle de la possession d’une CMI ou d’une CES. Une faille béante dans laquelle s’engouffrent de plus en plus d’automobilistes peu scrupuleux.
“C’est un secret de polichinelle. Il suffit d’appuyer sur le bouton ‘Handicapé’, et hop, stationnement gratuit toute la journée. Personne ne vérifie rien.”
Un automobiliste parisien
Un manque à gagner important pour la Ville
Du côté de la mairie de Paris, on ne cache pas son agacement face à cette fraude qui prend de l’ampleur. Car au-delà de l’incivisme de la démarche, c’est aussi un manque à gagner important pour les caisses de la Ville.
Selon les estimations communiquées au journal Le Parisien, près de 25% des tickets de stationnement délivrés chaque semaine seraient des tickets handicapés. Un chiffre en constante augmentation. En mars 2022, ils ne représentaient “que” 18% des tickets. Soit près de 120 000 tickets gratuits par semaine.
Un manque à gagner difficile à chiffrer précisément, mais qui se compte sans doute en millions d’euros chaque année. De quoi faire réfléchir la municipalité parisienne, qui cherche désormais des solutions pour endiguer le phénomène.
Des solutions à l’étude, mais rien de concret
Du côté de la mairie de Paris, on assure prendre le problème très au sérieux et réfléchir à des pistes d’action. L’objectif : rendre plus difficile l’utilisation frauduleuse des tickets handicapés, sans pour autant pénaliser les personnes détentrices d’une carte CMI ou CES.
Plusieurs solutions seraient à l’étude, comme la mise en place d’un système d’authentification par carte ou QR code pour obtenir un ticket handicapé. Mais cela nécessiterait de revoir entièrement le parc d’horodateurs, un investissement conséquent.
Une autre piste serait de renforcer les contrôles humains, en mobilisant davantage d’agents sur le terrain. Là encore, la tâche s’annonce ardue, compte tenu des effectifs déjà limités et du territoire étendu à couvrir.
“Nous étudions toutes les options pour lutter contre les fraudeurs, mais il n’y a pas de solution miracle. Cela demandera du temps et des moyens.”
Un responsable de la mairie de Paris
En attendant, la fraude continue
Pendant ce temps, sur le terrain, la fraude aux tickets handicapés semble se poursuivre en toute impunité. Car les verbalisations restent rares et les amendes peu dissuasives au regard des sommes économisées sur le stationnement.
De quoi agacer les automobilistes qui paient rubis sur l’ongle leur place. Et c’est toute la politique de stationnement de la Ville qui est fragilisée par ces pratiques. Car au-delà de l’aspect financier, c’est aussi le principe même du stationnement payant qui est remis en cause.
Censé favoriser la rotation des véhicules et limiter la saturation des places, le paiement du stationnement perd de son sens si une partie des automobilistes s’en affranchit allègrement. Un vrai casse-tête pour la mairie de Paris, qui va devoir rapidement trouver des solutions concrètes pour endiguer le phénomène. Sous peine de voir sa politique de stationnement partir à vau-l’eau.