Beyrouth s’est réveillée ce lundi matin dans un silence empreint de stupeur et d’angoisse. Au lendemain de frappes israéliennes dévastatrices en plein cœur de la capitale libanaise, qui ont coûté la vie à plusieurs personnes dont un haut responsable du Hezbollah, les écoles sont restées fermées, plongeant la ville dans une atmosphère lourde et pesante. Cette nouvelle escalade sanglante dans le conflit qui oppose Israël au mouvement chiite depuis des mois fait craindre une aggravation de la situation sécuritaire dans le pays du Cèdre, déjà fragilisé par une crise économique et politique sans précédent.
Une frappe en plein cœur de Beyrouth
Selon des sources proches du dossier, c’est peu après 22h dimanche soir que des raids aériens israéliens ont frappé le quartier de Dahieh, fief du Hezbollah dans la banlieue sud de Beyrouth. Outre d’importants dégâts matériels, le bilan provisoire fait état d’au moins 6 morts, dont Mohammad Afif, le responsable des relations médias du “Parti de Dieu”. Un coup dur pour le mouvement chiite, qui a immédiatement promis de riposter.
Israël paiera le prix fort pour ce crime odieux qui ne restera pas impuni.
– Un responsable du Hezbollah s’exprimant sous couvert d’anonymat
Côté israélien, l’armée assure que ces frappes étaient une riposte à des tirs de roquettes du Hezbollah sur le nord d’Israël un peu plus tôt dans la soirée. Environ 30 projectiles auraient ainsi été tirés depuis le sud du Liban vers la Galilée, sans faire de victimes. Une énième escalade dans un contexte de tensions croissantes le long de la frontière israélo-libanaise.
Des écoles fermées, des familles déplacées
Face à cette situation explosive, le ministère libanais de l’Education a décidé de garder les écoles fermées ce lundi dans la capitale, et ce au moins jusqu’à mardi soir, le temps d’évaluer les risques sécuritaires. Une décision qui affecte des milliers d’élèves déjà pénalisés par une année scolaire chaotique, entre grèves des enseignants, pénuries de carburant et coupures d’électricité à répétition. Certains établissements servent même de centres d’accueil pour des familles ayant fui les zones de combat dans le sud du pays et dans la plaine de la Bekaa, autre bastion du Hezbollah dans l’est.
Je ne sais même pas si nous pourrons rentrer un jour dans notre village. Notre maison a été détruite et la situation est très dangereuse là-bas.
– Ali, un père de famille originaire du Sud-Liban
De lourdes répercussions économiques
Au-delà du lourd tribut humain, cette nouvelle guerre entre Israël et le Hezbollah risque d’avoir des conséquences économiques désastreuses pour le Liban, déjà au bord du gouffre. Avec des dégâts matériels considérables, un commerce paralysé et un tourisme à l’arrêt, le pays pourrait voir son PIB chuter de 15% cette année selon des experts. Sans parler des sanctions internationales qui menacent en raison des liens supposés du système bancaire libanais avec le financement du terrorisme.
Dégâts matériels | Commerce | Tourisme | PIB |
Dévastateurs | Paralysé | Arrêt total | -15% (prévision) |
Le Liban peut-il éviter l’embrasement ?
Face à cette spirale infernale de violences et de représailles, nombreux sont ceux qui en appellent à la retenue des différents protagonistes afin d’épargner les populations civiles et d’éviter un embrasement général. Mais en l’absence d’un véritable dialogue politique entre le Liban et Israël, qui sont toujours officiellement en état de guerre, et avec un Hezbollah déterminé à jouer son va-tout malgré son affaiblissement, les perspectives de désescalade semblent bien minces. Seule une médiation internationale, menée par des pays comme la France et les Etats-Unis, pourrait éventuellement faire baisser la tension. Encore faut-il que toutes les parties acceptent de s’asseoir à la table des négociations, ce qui est loin d’être acquis à ce stade.
Un avenir incertain pour le pays du Cèdre
Quoi qu’il en soit, cette énième guerre fratricide risque de laisser des traces indélébiles au Liban, un pays fragile et meurtri par des décennies de conflits. Entre un État failli, des institutions paralysées, une économie exsangue et une société profondément divisée, le pays du Cèdre semble plus que jamais au bord du précipice. Seul un sursaut collectif et un véritable projet de refondation nationale, impliquant toutes les composantes de la société libanaise, pourraient éventuellement le sauver du chaos. Mais le chemin sera long et semé d’embûches.
En attendant, ce sont les civils libanais, une fois de plus, qui paient le plus lourd tribut de ces affrontements absurdes et anachroniques. Avec des écoles fermées, des maisons détruites, des familles endeuillées et un avenir plus qu’incertain, la jeunesse libanaise n’en peut plus de voir son pays sombrer chaque jour davantage dans la violence et la désolation. Un immense gâchis pour cette terre autrefois prospère et dynamique, qui s’impose pourtant comme une urgence absolue pour la communauté internationale.