En ce samedi matin ensoleillé à Téhéran, difficile d’imaginer que la nuit dernière, les habitants de la capitale iranienne ont été réveillés en sursaut par de puissantes explosions. Pourtant, malgré l’apparente normalité qui règne dans les rues animées de la ville, une inquiétude sourde plane dans l’esprit des Téhéranais. La raison ? Des frappes aériennes israéliennes ont visé des sites militaires en Iran, ravivant les tensions entre les deux pays ennemis et faisant craindre une dangereuse escalade.
Une nuit agitée à Téhéran
Dans la nuit de vendredi à samedi, les habitants de Téhéran ont été surpris par de fortes détonations accompagnées de traînées lumineuses dans le ciel. Rapidement, l’information s’est propagée : Israël venait de mener des frappes contre des sites militaires iraniens. Une riposte attendue après le tir d’environ 200 missiles par l’Iran vers le territoire israélien le 1er octobre dernier.
Hooman, un ouvrier de 42 ans qui travaillait de nuit dans une usine au moment des explosions, témoigne :
C’était un bruit terrible et flippant. J’ai d’abord cru à un attentat.
Comme lui, de nombreux Téhéranais redoutent maintenant d’être entraînés dans un conflit de plus grande ampleur.
La vie continue malgré les craintes
Pourtant, en ce samedi matin, premier jour de la semaine en Iran, difficile de déceler des signes d’inquiétude dans les rues de Téhéran. La vie suit son cours habituel dans cette métropole bouillonnante de 9 millions d’habitants. Les embouteillages sont légion, les cafés et les centres commerciaux ne désemplissent pas, et les écoliers s’amusent insouciants dans les cours de récréation.
Sepideh, une employée d’une compagnie d’assurances de 30 ans, confie malgré tout ses craintes :
La guerre fait peur (…) mais je ne pense pas qu’elle se produira en Iran.
Une opinion partagée par de nombreux habitants, qui tentent de continuer à vivre normalement malgré la menace qui plane.
L’Iran minimise l’impact des frappes
De son côté, le gouvernement iranien s’efforce de rassurer la population. Les médias du pays insistent sur le fait que la plupart des missiles israéliens ont été interceptés, faisant état de “dégâts limités”. Seuls deux militaires iraniens auraient péri lors de l’attaque selon les autorités.
À la télévision d’État, des images des provinces touchées par les frappes, comme le Khouzestan et l’Ilam, montrent une activité tout à fait normale. Les vols au-dessus du territoire iranien, brièvement interrompus durant la nuit, ont également repris dès le matin.
Un contexte régional sous haute tension
Ces événements interviennent alors que les tensions régionales sont exacerbées depuis plus d’un an. Entre la guerre dans la bande de Gaza opposant Israël au Hamas palestinien et son débordement au Liban voisin, où l’armée israélienne affronte le Hezbollah, le climat est particulièrement tendu.
L’Iran, qui soutient militairement et financièrement ces deux mouvements islamistes anti-israéliens, est un acteur clé de ces conflits. Depuis l’instauration de la République islamique en 1979, l’appui à la cause palestinienne est un pilier de la politique étrangère iranienne.
Après les frappes israéliennes, la diplomatie iranienne a déclaré que le pays avait “le droit et le devoir de se défendre”. Une position qui fait craindre une riposte, et donc une escalade dans ce bras de fer qui dure maintenant depuis des décennies entre l’Iran et Israël.
Dans ce contexte, les habitants de Téhéran, comme Hooman et Sepideh, ne peuvent qu’observer avec inquiétude l’évolution de la situation, espérant secrètement que leur quotidien ne sera pas trop chamboulé par ces tensions géopolitiques qui les dépassent. La vie doit continuer, malgré la peur d’un embrasement régional.