Un drame humain secoue l’Afghanistan. Selon un porte-parole du gouvernement taliban, pas moins de 46 personnes, en majorité des femmes et des enfants, ont perdu la vie lors de frappes aériennes menées par le Pakistan dans l’est du pays. Une attaque qualifiée de « barbare » par Kaboul, qui promet une riposte à la mesure de cette « agression claire ».
Une frontière sous haute tension
Depuis le retour au pouvoir des talibans en Afghanistan en 2021, les relations avec le voisin pakistanais n’ont cessé de se dégrader. Islamabad accuse en effet Kaboul de laisser des groupes armés utiliser le territoire afghan comme base arrière pour lancer des attaques au Pakistan, profitant d’une frontière particulièrement poreuse entre les deux pays.
Un point de friction majeur concerne notamment les activités des talibans pakistanais du Tehreek-e-Taliban Pakistan (TTP), qui ont revendiqué il y a quelques jours à peine une attaque contre une base militaire pakistanaise ayant coûté la vie à 16 soldats. Un coup dur pour le Pakistan, qui tente depuis des années d’éradiquer cette menace.
Des réfugiés parmi les victimes
Tragique ironie, parmi les 46 morts déplorés lors des récentes frappes pakistanaises figureraient des réfugiés du Waziristan selon le porte-parole taliban Zabihullah Mujahid. Cette région du nord-ouest du Pakistan avait en effet vu affluer de nombreux Afghans fuyant les opérations militaires lancées par Islamabad contre les insurgés liés à Al-Qaïda et aux talibans dans les années 2000 et 2010.
Beaucoup avaient alors trouvé refuge de l’autre côté de la frontière, en territoire afghan. Mais voilà qu’ils se retrouvent à nouveau pris entre deux feux, victimes cette fois de raids aériens de l’armée pakistanaise sur le sol de leur pays d’accueil. Un drame qui illustre toute la complexité et la violence d’un conflit qui n’en finit pas d’ensanglanter cette région du monde.
Kaboul promet une réponse « inaliénable »
Face à ce qu’il considère comme une attaque injustifiée et meurtrière contre son territoire et sa population, le gouvernement taliban d’Afghanistan a vivement réagi. Son ministère de la Défense a promis de ne pas laisser cet acte « lâche » impuni, affirmant considérer « la défense de son territoire et sa souveraineté » comme un « droit inaliénable ».
Une rhétorique martiale qui fait craindre un nouveau regain de tensions, voire d’affrontements, entre deux voisins à couteaux tirés. D’autant que l’Afghanistan ne semble pas prêt à céder aux pressions du Pakistan qui exige des « mesures sévères » contre les groupes utilisant le sol afghan pour l’attaquer.
Dans ce face-à-face de plus en plus tendu, où chaque partie campe sur ses positions en rejetant la responsabilité sur l’autre, ce sont comme souvent les populations civiles qui paient le plus lourd tribut. Les images des jeunes victimes afghanes de ces raids meurtriers en sont un terrible et déchirant rappel.