Vendredi matin, une frappe israélienne dans le sud du Liban a coûté la vie à trois journalistes, plongeant la région dans l’émoi et ravivant les tensions entre les deux pays. Cet incident tragique, qualifié de “crime de guerre” par les autorités libanaises, est actuellement “en cours d’analyse” selon l’armée israélienne.
D’après une source proche de l’armée, la frappe visait une structure militaire du Hezbollah à Hasbaya, dans le sud du Liban, alors que des “terroristes” se trouvaient à l’intérieur. Ce n’est que quelques heures après l’attaque que des informations faisant état de journalistes touchés sont remontées, déclenchant une enquête.
Une région jusque-là épargnée
La localité d’Hasbaya, située dans une zone à majorité druze, avait jusqu’à présent été épargnée par le conflit. Depuis un mois, des équipes de plusieurs médias s’y étaient installées pour couvrir les affrontements entre le Hezbollah et l’armée israélienne, cette dernière ayant lancé des opérations terrestres au Liban le 30 septembre.
Selon le ministre libanais de l’Information, Ziad Makari, pas moins de 18 journalistes représentant sept médias se trouvaient dans le complexe hôtelier touché, composé de petits bungalows. Parmi les victimes figurent deux journalistes de la chaîne pro-iranienne Al Mayadeen et un de la chaîne du Hezbollah Al-Manar.
Un “crime de guerre” dénoncé
Le Premier ministre libanais, Najib Mikati, a vivement condamné cette frappe, y voyant un “crime de guerre” et une attaque “délibérée” visant à “terroriser les médias pour dissimuler les crimes et les destructions”. Une accusation grave qui vient s’ajouter aux vives tensions déjà existantes entre le Liban et Israël.
Une situation périlleuse pour les journalistes
Depuis le 8 octobre 2023, date à laquelle le Hezbollah a commencé à tirer des roquettes sur le territoire israélien en soutien au Hamas palestinien, plusieurs représentants des médias ont été tués ou blessés dans le sud du Liban. Un constat alarmant qui souligne les risques encourus par les journalistes couvrant ce conflit.
Le 13 octobre, une frappe israélienne près de la frontière a ainsi coûté la vie à Issam Abdallah, vidéaste de l’agence Reuters, et blessé six autres reporters, dont deux de Reuters, deux d’Al Jazeera et deux de l’AFP. Des enquêtes indépendantes ont conclu à l’utilisation d’un obus de char israélien de 120 mm.
Au total, des organisations de défense des droits des journalistes au Liban ont comptabilisé la mort de cinq photographes et personnel travaillant pour des plateformes médiatiques locales, dans des frappes israéliennes sur le sud du Liban et la banlieue sud de Beyrouth.
Une enquête cruciale
Alors que l’armée israélienne affirme analyser cet incident, beaucoup s’interrogent sur les circonstances exactes de cette frappe et les raisons pour lesquelles des journalistes ont été pris pour cible. Une enquête approfondie apparaît plus que jamais nécessaire pour faire la lumière sur ce drame et en déterminer les responsabilités.
Dans un contexte déjà explosif, cet évènement tragique ne fait qu’attiser les tensions entre le Liban et Israël. La communauté internationale, les organisations de défense de la liberté de la presse et l’opinion publique attendent des réponses claires et des mesures concrètes pour que de tels drames ne se reproduisent plus et que les journalistes puissent exercer leur métier sans risquer leur vie.