Une frappe aérienne israélienne d’une violence inouïe a semé la mort et la dévastation dans la bande de Gaza. Selon un bilan provisoire communiqué par la Défense civile de Gaza, ce bombardement aurait fait au moins 93 victimes et une quarantaine de disparus seraient encore ensevelis sous les décombres d’un immeuble résidentiel de Beit Lahia, dans le nord du territoire palestinien.
Malgré les heures qui passent, les sauveteurs continuent de s’activer dans les ruines, espérant retrouver des survivants. Les scènes sont apocalyptiques: des corps ensanglantés extraits des gravats sont évacués sur des couvertures faute de brancards, un cadavre à moitié calciné est suspendu à une fenêtre, les cheveux flottant dans le vide… Les dépouilles, sommairement enveloppées dans des linceuls de fortune, s’amoncellent sur une charrette tirée par un cheval.
Pris au piège dans leur sommeil
D’après les témoignages glaçants des voisins, l’immeuble se serait effondré en pleine nuit, piégeant les habitants dans leur sommeil. Au petit matin, les survivants terrifiés ont découvert un paysage de désolation, des corps et des blessés émergeant des tas de gravats et de béton.
Les blessés, pour la plupart des femmes et des enfants, affluent vers le seul hôpital opérationnel du secteur, le Kamal Adwan. Mais l’établissement est débordé et manque cruellement de moyens. “Il n’y a plus rien ici, on ne peut dispenser que les premiers soins”, se désespère le directeur Houssam Abou Safia, ajoutant que l’armée israélienne avait stoppé son équipe médicale.
Des dizaines de personnes encore sous les décombres
Sur place, la Défense civile est totalement démunie. “Des dizaines de personnes sont encore ensevelies, nous n’avons ni les équipes ni les services nécessaires”, alerte le porte-parole Mahmoud Bassal. Depuis le nord de la bande de Gaza, les appels à l’aide ne cessent de lui parvenir tandis qu’Israël intensifie ses raids aériens et son offensive terrestre dans la zone.
Le spectre d’un “nettoyage ethnique”
Face à ce qu’il qualifie de “nouveau massacre épouvantable”, le Hamas dénonce une “campagne de nettoyage ethnique” et un “déplacement systématique” des Palestiniens. De son côté, l’armée israélienne affirme cibler les regroupements de combattants du mouvement islamiste, tout en reconnaissant que des civils ont pu être touchés.
L’exode des populations palestiniennes
Depuis le début de l’opération militaire israélienne il y a près d’une semaine, des dizaines de milliers de Palestiniens tentent de fuir les combats, notamment dans le nord de l’enclave. D’après un responsable local, des centaines de personnes auraient déjà perdu la vie dans cette zone.
Face à l’immeuble effondré de Beit Lahia, des rescapés en état de choc fixent les ruines, les larmes aux yeux. Une fillette tenant un morceau de débris croise un homme au crâne bandé… Pendant ce temps, les familles endeuillées enterrent leurs morts dans l’urgence et la douleur, craignant de nouvelles frappes.
Une situation humanitaire catastrophique
L’escalade de violence qui ravage la bande de Gaza depuis près d’une semaine a fait basculer le territoire dans une crise humanitaire sans précédent. Les hôpitaux débordés peinent à prendre en charge l’afflux massif de blessés, majoritairement des civils.
Les organisations internationales tirent la sonnette d’alarme. Selon l’OMS, seule une poignée de médecins et d’infirmiers tentent de soigner entre 100 et 150 patients dans des conditions déplorables. “Cela montre à quel point il est difficile d’apporter une quelconque aide dans le nord de Gaza”, souligne un porte-parole de l’organisation.
Pour sa part, le CICR déplore les entraves à l’acheminement de l’aide humanitaire et appelle toutes les parties à respecter le droit international humanitaire, en particulier l’obligation de protéger et d’épargner les civils.
Les civils paient le prix fort de cette offensive militaire. Il est inacceptable que des femmes, des enfants, des personnes âgées soient pris pour cible.
— Peter Maurer, président du CICR
La communauté internationale sous le choc
Ce énième drame humain à Gaza a suscité une vague d’indignation à travers le monde. L’ONU, l’Union européenne, les États-Unis et de nombreux pays arabes ont appelé Israël à la retenue et au respect du droit international humanitaire.
J’exhorte Israël à stopper immédiatement ses opérations militaires à Gaza. Les civils, en particulier les enfants, ne sauraient être une cible. C’est contraire au droit international.
— António Guterres, secrétaire général de l’ONU
Le pape François a également exprimé son immense tristesse face à cette “spirale de mort et de destruction” et a lancé “un appel au calme, à la paix et au dialogue”.
Mais sur le terrain, la trêve semble encore loin. Alors que la communauté internationale multiplie les appels à la désescalade, le Hamas promet de venger ses martyrs. Et Israël, tout en disant examiner les circonstances du drame de Beit Lahia, poursuit ses opérations. Jusqu’où ira cette terrible escalade ? À Gaza, la population retient son souffle, prise en étau entre les bombardements et le dénuement le plus total.