Le sud du Liban a été le théâtre d’une tragédie ce dimanche, avec au moins 21 personnes tuées dans plusieurs frappes aériennes israéliennes, selon un bilan officiel du ministère libanais de la Santé. Parmi les victimes, 9 civils ont péri dans un bombardement sur Haret Saïda, un faubourg de la grande ville de Saïda habituellement épargnée par les violences.
D’après une source proche des secours sur place, un immeuble résidentiel de trois étages a été touché de plein fouet, son dernier niveau entièrement détruit. Des dizaines de bâtiments et commerces alentours ont également subi d’importants dégâts. Des scènes de chaos avec des familles fuyant à pied, alors que les accès étaient bloqués par l’armée libanaise le temps d’évacuer les nombreux blessés.
Escalade meurtrière dans le conflit israélo-libanais
Cette frappe intervient dans un contexte de vives tensions entre Israël et le Hezbollah pro-iranien basé au Liban. L’armée israélienne avait lancé un appel à l’évacuation aux habitants de dix villages du sud avant de lancer son opération, mais le lourd bilan à Saïda soulève des questions sur le ciblage de zones densément peuplées, avec de nombreux déplacés.
Mais les victimes civiles ne se limitent pas à Saïda. À Aïn Baal, au moins 7 personnes ont été tuées, dont 3 secouristes d’un centre affilié au parti Amal, allié du Hezbollah. Près de Tyr, 5 morts sont à déplorer à Bourj al-Chemali, dont certains à proximité d’une école de l’UNRWA pour les réfugiés palestiniens, sans que celle-ci ne soit directement touchée.
Un lourd bilan humain qui ne cesse de s’alourdir
Selon un décompte basé sur des données officielles, plus de 1600 personnes auraient perdu la vie au Liban depuis le début des hostilités il y a un mois. Un bilan effroyable qui rappelle l’ampleur de la crise humanitaire touchant le pays, déjà fragilisé par une grave crise économique et politique.
Chaque jour apporte son lot de drames et de destructions. Les civils sont pris en étau entre les bombardements et la fuite. On assiste à un désastre humanitaire à huis clos.
déclare sous couvert d’anonymat un travailleur humanitaire sur place.
La communauté internationale appelée à réagir
Face à cette escalade meurtrière, la communauté internationale semble impuissante. Les appels à la désescalade et à la retenue ne semblent pas entendus sur le terrain, où la logique de riposte militaire continue de prévaloir des deux côtés de la frontière.
Pourtant, ce sont bien les populations civiles qui paient le prix fort de cette guerre qui semble sans fin. Prises entre deux feux, elles voient leur quotidien rythmé par la peur, les destructions et les deuils à répétition. Une situation intenable qui appelle à une réaction ferme pour protéger les innocents et trouver une issue pacifique au conflit.
Le Liban au bord du gouffre
Mais au-delà des considérations géopolitiques, c’est tout le Liban qui semble au bord du gouffre. Déjà éprouvé par une crise économique et sociale majeure, une instabilité politique chronique et les stigmates encore vifs de la double explosion au port de Beyrouth en 2020, le pays voit ses fragiles espoirs de reconstruction une nouvelle fois anéantis sous les bombes.
Les infrastructures civiles sont ciblées, les réfugiés et déplacés internes toujours plus nombreux. Sans parler du traumatisme psychologique d’une population qui se sent abandonnée, prise en otage d’un conflit qui la dépasse. Chaque frappe aérienne rapproche un peu plus le spectre d’un effondrement total du pays du Cèdre.
Face à ce drame, le silence assourdissant de la communauté internationale interpelle. Au-delà des déclarations d’usage, c’est une action concertée et volontariste qui est attendue pour sortir le Liban de l’ornière. Faute de quoi, le pays risque de sombrer définitivement, emportant avec lui les vies et les espoirs de tout un peuple.