Une frappe israélienne a secoué le sud du Liban ce lundi, faisant une victime civile et blessant quatre soldats libanais. Selon des sources proches de l’armée libanaise, un véhicule a été pris pour cible près d’un poste de contrôle militaire dans la région de Bint Jbeil, non loin de la frontière avec Israël.
Cet incident survient alors qu’un fragile accord de cessez-le-feu est en vigueur depuis le 27 novembre dernier entre le Hezbollah, mouvement chiite libanais pro-iranien, et l’État hébreu. Cette trêve avait mis fin à plus de deux mois d’affrontements meurtriers qui ont coûté la vie à plus de 4 000 personnes côté libanais et dévasté des bastions du Hezbollah.
Un cessez-le-feu précaire et des accusations réciproques
Malgré l’entrée en vigueur de ce cessez-le-feu, Israël et le Hezbollah s’accusent régulièrement de violer les termes de l’accord. Celui-ci prévoit notamment le retrait des troupes israéliennes du Liban dans un délai de 60 jours et le déploiement exclusif de l’armée libanaise et des Casques bleus de l’ONU dans le sud du pays.
Mais la situation reste très tendue sur le terrain. Le 2 décembre dernier, des frappes israéliennes avaient déjà fait 11 morts au Liban selon le ministère libanais de la Santé, après que le Hezbollah a revendiqué sa première attaque contre une position israélienne depuis le début de la trêve.
Israël menace d’une riposte plus forte en cas de violation
Face à ces incidents répétés, le ministre israélien de la Défense a adopté un ton martial. Lors d’une visite auprès des troupes le 3 décembre, il a averti que si le Hezbollah rompait le cessez-le-feu, Israël agirait « avec plus de force encore » et pénétrerait « plus en profondeur » au Liban.
« Il n’y aura plus d’immunité pour l’État libanais » et Israël ne fera plus de « distinction (entre le Liban et) le Hezbollah »
a prévenu le ministre israélien de la Défense
La communauté internationale appelle à la retenue
De son côté, la communauté internationale multiplie les appels au calme et à la retenue. L’ONU, qui déploie une force d’interposition de près de 10 000 Casques bleus au Liban, a exhorté les parties à respecter scrupuleusement les termes du cessez-le-feu pour éviter une nouvelle escalade meurtrière.
Les États-Unis et la France, acteurs influents dans la région, ont également appelé Israël et le Hezbollah à faire preuve de la plus grande retenue. Paris et Washington craignent qu’une reprise des hostilités ne déstabilise davantage le Liban, pays fragile en proie à une grave crise économique et politique.
Un lourd bilan humain et des dégâts considérables
Ce nouvel incident meurtrier vient alourdir le bilan déjà très lourd de ce conflit. Selon des sources humanitaires, plus d’un million de Libanais ont été déplacés par les combats et les infrastructures civiles du pays ont subi d’immenses dégâts, notamment dans le sud, fief du Hezbollah.
Beaucoup redoutent que ces violences sporadiques, malgré le cessez-le-feu, ne dégénèrent en un nouveau conflit ouvert entre Israël et le Hezbollah. Les deux ennemis jurés se sont déjà affrontés par le passé, notamment lors d’une guerre dévastatrice en 2006 qui avait fait plus de 1 200 morts côté libanais.
Le Liban, théâtre de la confrontation entre Israël et l’Iran
Au-delà de l’affrontement entre Israël et le Hezbollah, c’est toute la géopolitique régionale qui se joue au Liban. Le mouvement chiite est en effet le bras armé de l’Iran, ennemi juré de l’État hébreu. Téhéran utilise son allié libanais pour exercer une pression constante sur Israël et affirmer son influence au Moyen-Orient.
Israël, de son côté, voit le Hezbollah comme une menace existentielle à ses frontières et n’hésite pas à le frapper durement, au risque d’affaiblir encore davantage le fragile État libanais. Pris en étau entre les ambitions régionales de l’Iran et l’intransigeance sécuritaire d’Israël, le Liban apparaît plus que jamais comme l’otage impuissant de ce bras de fer impitoyable.
Alors que les armes se sont temporairement tues, la frappe israélienne de ce lundi vient rappeler que la paix reste plus que jamais précaire au pays du Cèdre. Sous la surface d’un calme apparent, les braises de la guerre continuent de couver, menaçant à tout moment d’embraser à nouveau cette région du monde déjà hautement inflammable.