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Franklin la Tortue Armée : Le Scandale qui Fait Exploser le Web

Imaginez la gentille tortue Franklin, star des livres pour enfants, transformée en soldat qui lance une grenade sur un bateau de narco-terroristes… C’est exactement ce qu’a posté le ministre américain de la Défense. L’éditeur canadien est furieux, le Pentagone se moque, et derrière le meme se cache une frappe bien réelle qui pose question. Jusqu’où ira cette affaire ?

Vous vous souvenez de Franklin, cette petite tortue verte qui apprenait la politesse, le partage et l’amitié dans des albums adorés des enfants ? Celle qui avait peur de l’orage et qui portait toujours un sourire rassurant ? Eh bien, en décembre 2025, elle vient de vivre la transformation la plus improbable de l’histoire des personnages jeunesse.

Quand une icône de l’enfance devient meme guerrier

Dimanche soir, Pete Hegseth, tout nouveau ministre américain de la Défense, publie sur son compte X une image qui fait immédiatement le tour du web. On y voit Franklin, dessinée dans le style exact des albums originaux, mais coiffée d’un casque militaire, un lance-grenades à l’épaule. Le bateau en face d’elle explose en flammes avec, visiblement, au moins un homme à bord. Le titre ? Franklin vise les narco-terroristes.

Le message est clair : le ministre veut justifier, avec un humour noir assumé, les opérations musclées contre les cartels dans les Caraïbes. Mais le choix du personnage a mis le feu aux poudres… du côté canadien.

L’éditeur canadien monte au créneau

Moins de vingt-quatre heures plus tard, Kids Can Press, la maison d’édition torontoise détentrice des droits de Franklin depuis 1986, publie une réponse officielle sur le même réseau social.

« Franklin la tortue est une icône canadienne bien-aimée qui a inspiré des générations d’enfants et représente la gentillesse, l’empathie et l’ouverture aux autres. Nous condamnons fermement toute utilisation dénigrante, violente ou non autorisée du nom ou de l’image de Franklin, qui contredit directement ces valeurs. »

Le ton est ferme. Pour l’éditeur, pas question de laisser associer l’image de la tortue à la moindre forme de violence, même satirique. Les albums Franklin sont volontairement dénués de toute agressivité : pas d’armes, pas de méchants, seulement des leçons de vie positives.

La réplique cinglante du Pentagone

Du côté américain, on ne se démonte pas. Sean Parnell, porte-parole du département de la Défense, répond aux journalistes avec une ironie mordante :

« Nous doutons que Franklin la tortue veuille être tolérante envers les cartels ou loue la gentillesse et l’empathie des narco-terroristes. »

Cette phrase, rapportée par plusieurs médias américains, résume parfaitement le fossé culturel et politique entre les deux parties. D’un côté la protection farouche d’une icône enfantine, de l’autre une vision guerrière où même une tortue de maternelle doit choisir son camp.

Derrière le meme, une frappe bien réelle

Mais l’affaire ne s’arrête pas à un simple détournement d’image. Le meme de Pete Hegseth arrive au pire moment : quelques jours après que le Washington Post a révélé les détails d’une opération controversée en septembre dans les Caraïbes.

Un bateau suspecté de transporter de la drogue est repéré. Une première frappe aérienne américaine le touche et l’incendie. Deux hommes s’accrochent aux débris en feu, visiblement vivants. Une seconde salve est alors tirée, les tuant définitivement. L’ordre de cette seconde attaque aurait été validé au plus haut niveau, impliquant directement le cabinet du ministre.

La Maison Blanche a d’abord nié, puis confirmé l’existence de cette seconde frappe, tout en assurant qu’elle provenait de l’amiral en charge des opérations spéciales et non du ministre lui-même. La nuance est importante : elle vise à protéger Pete Hegseth d’accusations de crime de guerre potentiel.

Une légalité très discutée

Car c’est là que le bât blesse. Tuer des suspects déjà hors de combat, même présumés narco-trafiquants, peut relever du droit international humanitaire et être qualifié d’exécution sommaire. Des experts en droit de la guerre, aux États-Unis comme à l’étranger, s’interrogent ouvertement sur la conformité de cette seconde frappe.

Le meme de Franklin arrive donc comme une tentative maladroite – ou provocatrice – de détourner l’attention ou de galvaniser une base électorale favorable à une ligne très dure contre les cartels.

La contre-attaque des internautes

Et Internet, comme toujours, a répondu avec la vitesse de l’éclair. Un compte anonyme baptisé Andrew IAmTheResistance publie une nouvelle image : Franklin, toujours avec son casque militaire, mais cette fois menottée, derrière des barreaux. Le titre ? Franklin va en prison. Le commentaire : « La suite va être géniale ».

En quelques heures, des dizaines de variations apparaissent : Franklin jugée à La Haye, Franklin en combinaison orange à Guantanamo, Franklin qui pleure en lisant ses droits Miranda… La tortue pacifique est devenue, malgré elle, le symbole absurde d’un débat géopolitique brûlant.

Un symbole canadien pris en otage

Créée en 1986 par Paulette Bourgeois et Brenda Clark, Franklin est bien plus qu’un personnage jeunesse au Canada. C’est une véritable institution. Plus de 65 millions d’exemplaires vendus dans le monde, une série animée diffusée dans 100 pays, des peluches, des cahiers de coloriage… La tortue incarne une certaine idée de la douceur canadienne.

La voir ainsi militarisée a choqué bien au-delà des seuls employés de Kids Can Press. Des parents, des enseignants, des bibliothécaires ont exprimé leur malaise sur les réseaux. Certains parlent même de « viol de l’enfance ».

Entre satire politique et protection du droit d’auteur

Sur le plan juridique, l’affaire est complexe. Aux États-Unis, la parody est protégée par le fair use dès lors qu’elle comporte un commentaire politique ou social. Pete Hegseth pourrait donc arguer que son image relève de la satire. Au Canada, en revanche, le droit moral de l’auteur est plus strict, et l’atteinte à l’intégrité de l’œuvre peut être sanctionnée.

Kids Can Press n’a pas encore annoncé de poursuites, mais la condamnation publique est déjà un signal fort. Restera à voir si l’éditeur ira plus loin.

Et Franklin dans tout ça ?

La vraie question, presque philosophique, est ailleurs : une icône de l’innocence peut-elle survivre à une telle polémique ? Les enfants qui découvriront Franklin en 2026 sauront-ils qu’un jour, leur tortue préférée a été transformée en soldat ? Ou ce scandale restera-t-il cantonné aux adultes, comme un souvenir gênant qu’on préfère oublier ?

Une chose est sûre : jamais un livre pour enfants n’avait provoqué un tel séisme géopolitique. Franklin, pardonne-leur, ils ne savent pas ce qu’ils font.

Résumé des faits en 5 points :

  • Pete Hegseth publie un meme de Franklin la tortue en soldat contre les narco-terroristes.
  • L’éditeur canadien Kids Can Press condamne fermement cette utilisation violente.
  • Le Pentagone répond avec ironie, refusant la « tolérance » envers les cartels.
  • Le meme intervient après la révélation d’une seconde frappe controversée en septembre.
  • Les internautes contre-attaquent avec des images de « Franklin en prison ».

L’histoire n’est pas terminée. Chaque jour apporte son lot de nouveaux memes, de réactions officielles et de débats. Franklin, la petite tortue qui voulait juste aller à l’école sans oublier son doudou, se retrouve malgré elle au cœur de la guerre contre la drogue. Triste époque où même l’enfance n’est plus un refuge.

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