Rebondissement sur la scène politique française. François Rebsamen, ancien ministre socialiste du Travail sous François Hollande, vient d’être nommé ministre de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation dans le tout nouveau gouvernement de François Bayrou. Une nomination qui en surprend plus d’un, puisque Rebsamen avait claqué la porte du Parti socialiste en 2021 pour rallier Emmanuel Macron. Retour sur le parcours atypique de cet élu de terrain, maire de Dijon pendant près de 20 ans.
Un ténor du PS en rupture de ban
François Rebsamen a été un pilier du Parti socialiste pendant des décennies. Maire très populaire de Dijon de 2001 à 2021, il a aussi été un proche de François Hollande, qui l’a nommé ministre du Travail en 2014. Pourtant, en 2021, il décide de quitter le navire socialiste en perdition pour soutenir la réélection d’Emmanuel Macron. Un choix assumé, même s’il lui a valu les foudres de ses anciens camarades.
Je suis un homme de gauche, mais je crois au dépassement des clivages quand l’intérêt du pays est en jeu. Emmanuel Macron est le mieux placé pour rassembler les Français.
François Rebsamen, lors de son ralliement à Macron en 2021
Le grand retour aux affaires
Propulsé ministre des Territoires par François Bayrou, François Rebsamen va devoir s’atteler à plusieurs chantiers cruciaux :
- Relancer la décentralisation et donner plus de pouvoirs aux collectivités locales
- Lutter contre les inégalités territoriales et la désertification rurale
- Accompagner les territoires dans la transition écologique
- Apaiser les relations souvent tendues entre l’État et les élus locaux
Un défi de taille pour cet élu de terrain rompu aux négociations et au dialogue. Mais François Rebsamen peut compter sur sa fine connaissance des collectivités et son expérience d’édile pour réussir sa mission. Son profil d’élu local, proche des préoccupations des Français, a sûrement pesé dans le choix de François Bayrou.
Une nomination qui divise la gauche
Sans surprise, le retour de François Rebsamen au gouvernement fait grincer des dents au PS et à gauche. Certains crient à la trahison et l’accusent d’avoir renié ses valeurs pour servir ses ambitions. D’autres, plus pragmatiques, se félicitent que la voix de la gauche et des territoires soit représentée dans ce gouvernement de coalition voulu par François Bayrou.
François Rebsamen est un homme de dialogue et de compromis. Il saura porter les attentes des élus locaux et des citoyens au plus haut niveau de l’État.
Un proche de François Rebsamen
Une chose est sûre, François Rebsamen va devoir démontrer rapidement qu’il peut obtenir des avancées concrètes pour les territoires s’il veut faire taire les critiques sur son ralliement. Les élus locaux et les Français jugeront sur pièce son bilan au ministère de l’Aménagement du territoire et de la Décentralisation. Un ministère crucial pour la cohésion des territoires et la réduction de la fracture territoriale.
Le pari risqué de François Bayrou
En nommant François Rebsamen, François Bayrou envoie un signal d’ouverture à la gauche et aux élus locaux. Mais c’est aussi un pari risqué pour le nouveau Premier ministre, qui s’expose aux critiques sur la cohérence de son casting gouvernemental. Rebsamen saura-t-il jouer collectif et rester loyal envers le chef du gouvernement ? Ou finira-t-il par faire cavalier seul, comme il l’a fait en quittant le PS ?
François Bayrou joue gros avec ce gouvernement élargi censé incarner le « dépassement politique ». En cas d’échec, c’est toute sa stratégie et son avenir politique qui seront menacés. Mais si la mayonnaise prend, il pourrait réussir son pari de rebattre les cartes politiques en rassemblant au-delà des clivages partisans. Avec François Rebsamen à l’Aménagement du territoire, l’ancien maire de Pau mise en tout cas sur un élu expérimenté pour porter la voix des territoires au sein de l’exécutif.
Les chantiers prioritaires de Rebsamen
Une fois passées les polémiques sur sa nomination, François Rebsamen va devoir très vite se mettre au travail pour lancer plusieurs chantiers cruciaux pour les territoires:
- La relance de la décentralisation, avec de nouveaux transferts de compétences et de moyens aux collectivités locales.
- Un plan d’urgence pour revitaliser les villes moyennes et les zones rurales en déclin.
- La mise en place d’un « bouclier territorial » pour protéger les ressources des collectivités locales.
- Un nouveau partenariat financier entre l’État et les collectivités locales pour assurer un financement pérenne des services publics locaux.
Des dossiers explosifs qui feront l’objet d’âpres négociations avec les associations d’élus locaux. François Rebsamen devra faire preuve de doigté et de fermeté pour aboutir à des compromis acceptables entre l’État et des collectivités locales en quête d’autonomie et de moyens. Son expérience d’élu local et de négociateur sera mise à rude épreuve, tout comme sa loyauté envers le gouvernement Bayrou.
Une nomination à haut risque ?
Si François Rebsamen échoue à obtenir des avancées rapides pour les territoires, sa nomination pourrait vite se transformer en boomerang pour François Bayrou. Les oppositions de droite comme de gauche ne manqueront pas de dénoncer un « reniement » ou une « trahison » de l’ancien ministre socialiste, accusé d’avoir trahi ses idéaux pour un maroquin ministériel.
De son côté, François Rebsamen joue aussi gros avec son retour aux affaires. En cas d’échec, il risque de se retrouver isolé politiquement, lâché à la fois par son ancien camp socialiste et par ses nouveaux alliés macronistes et centristes. Sa réputation d’élu local efficace et proche du terrain pourrait aussi être écornée si son bilan au ministère n’est pas à la hauteur des attentes.
Mais si François Rebsamen réussit son pari, il pourrait incarner ce dépassement politique cher à François Bayrou et tracer une voie nouvelle, au-delà du clivage droite-gauche. Un enjeu crucial pour la réussite du nouveau gouvernement, mais aussi pour la recomposition du paysage politique français. Réponse dans les prochains mois, qui s’annoncent décisifs pour les territoires comme pour le ministre François Rebsamen, dont le destin politique s’écrit désormais loin du PS.