Mercredi soir, la Bourse de Commerce a accueilli une cérémonie empreinte d’émotion et de solennité. Sous le regard bienveillant de François Pinault, mécène du prix, le général François Lecointre s’est vu décerner le prestigieux prix littéraire Aujourd’hui pour son récit intimiste intitulé “Entre Guerres”. Une consécration méritée pour celui qui endosse désormais le rôle de grand chancelier de la Légion d’honneur, après avoir occupé les plus hautes fonctions militaires en tant que chef d’état-major des armées.
Un hommage vibrant à la singularité militaire
C’est avec une certaine timidité que François Lecointre a évoqué son désir de forger “un objet littéraire” à part entière. Une volonté d’offrir au lecteur bien plus qu’un simple récit de souvenirs militaires. L’auteur a ainsi puisé son inspiration auprès de grandes plumes ayant, avant lui, exploré l’expérience singulière du métier des armes, tels Céline ou Maurice Genevoix.
J’avais envie de faire un travail de littérature, un objet littéraire.
François Lecointre
Le président du jury, Vincent Trémolet de Villers, n’a pas manqué de souligner la délicatesse de l’ouvrage, son style concis et percutant, ainsi que l’humilité d’un auteur presque “embarrassé d’écrire sur lui-même”. Un texte qui, loin de se cantonner à une succession d’anecdotes, parvient à condenser les questionnements universels inhérents à la condition militaire.
Plonger au cœur de l’engagement militaire
En une centaine de pages denses et intenses, “Entre Guerres” nous entraîne au plus près de l’expérience intime des hommes et des femmes qui ont fait le choix de servir sous les drapeaux. François Lecointre y évoque avec sincérité :
- La confrontation à la peur, lancinante et animale
- L’impérieuse nécessité du courage face à l’adversité
- Les liens de fraternité qui unissent les soldats
- Le poids du sacrifice et la proximité de la mort
Autant de thématiques universelles qui transcendent l’expérience individuelle pour toucher à l’essence même de la condition humaine. Un récit d’une rare intensité qui nous plonge au cœur des dilemmes moraux et des réalités souvent méconnues du métier des armes.
Renouer le lien armée-nation
Au-delà de sa dimension littéraire, “Entre Guerres” se veut également un appel à renouer le dialogue entre la société civile et son armée. François Lecointre pointe du doigt l’indifférence grandissante des Occidentaux vis-à-vis de leurs forces armées, trop souvent “réduites, banalisées et civilianisées à l’extrême”.
Les gens pensent que le monde redevient violent, mais il l’a toujours été.
François Lecointre
Face à la résurgence des conflits et à l’instabilité croissante du monde, le général en appelle à une prise de conscience collective. Car si les militaires ne “font pas la guerre par plaisir”, comme il le souligne avec force, leur engagement sans faille demeure le rempart ultime pour préserver “la dignité de l’être humain”.
Une cérémonie placée sous le signe de l’émotion et de la reconnaissance
La remise du prix Aujourd’hui à François Lecointre a réuni de nombreuses personnalités du monde politique, militaire et littéraire. Du ministre délégué aux Armées Jean-Louis Thiériot à l’académicien François Sureau, en passant par le grand rabbin de France Haïm Korsia, tous ont tenu à saluer l’œuvre singulière et poignante de l’ancien chef d’état-major.
Une cérémonie empreinte d’émotion qui a vu les deux amis de longue date, François Lecointre et François Sureau, entonner avec ferveur les couplets du “Général à vendre” de Francis Blanche. Un moment de complicité et de légèreté qui n’a pas manqué de faire sourire l’assemblée.
“Entre Guerres” s’impose comme un témoignage précieux et nécessaire sur une réalité trop souvent occultée. En offrant une plongée intime au cœur de la singularité militaire, François Lecointre nous invite à réfléchir sur le sens profond de l’engagement et du sacrifice au service d’une cause qui nous dépasse. Un récit poignant qui résonne avec une acuité particulière en ces temps troublés.