Les élections législatives anticipées de 2024 réservent leur lot de surprises. En Corrèze, un retour inattendu agite le landerneau politique. Après plusieurs années loin des projecteurs, l’ancien président François Hollande effectue un come-back remarqué en se qualifiant pour le second tour du scrutin.
L’ancien chef de l’État en position de force
Investi par le Nouveau Front populaire, coalition hétéroclite allant du PS à LFI, François Hollande a su mobiliser son ancrage local. Avec 36% des voix selon des résultats partiels, il devance ses concurrents du Rassemblement national et des Républicains, pourtant soutenus par la majorité présidentielle.
Ce résultat est porteur d’espoir pour une gauche rassemblée et combative face aux périls extrémistes et aux politiques d’austérité.
François Hollande, dans son discours d’après premier tour
Un désaveu pour LREM et les Républicains
En parachutant un candidat LR soutenu par le camp présidentiel, Emmanuel Macron pensait sans doute faire barrage au retour de François Hollande. Pari risqué au vu de l’implantation locale de l’ancien président, qui a fait ses premiers pas en politique comme maire de Tulle.
Francis Dubois, le candidat de la droite et du centre, n’arrive qu’en troisième position et jouera les arbitres lors d’une triangulaire qui s’annonce particulièrement indécise. Les reports de voix seront scrutés de près.
Le spectre d’un duel entre “deux gauches irréconciliables”
La qualification de François Hollande a suscité des remous au sein de la galaxie de gauche. Son duel à distance avec Jean-Luc Mélenchon, pressenti pour Matignon en cas de victoire du NFP, a rythmé une campagne éclair et électrique.
Le Nouveau Front populaire ne peut pas être la réincarnation du vieux PS, enfermé dans ses vieilles recettes social-libérales.
Jean-Luc Mélenchon, lors d’un meeting de campagne
Si François Hollande l’emporte au second tour, son entrée à l’Assemblée nationale pourrait fragiliser la future coalition gouvernementale. L’ancien président incarne une ligne sociale-démocrate jugée trop tiède par l’aile gauche du NFP.
Les clés du second tour
La clé du scrutin résidera dans la capacité des différents candidats à rassembler au-delà de leur base électorale :
- François Hollande devra convaincre l’électorat centriste tout en rassurant sur sa loyauté au NFP
- La candidate RN Maïtey Pouget tentera de surfer sur un vote contestataire et la défiance envers les “politiciens du système”
- Francis Dubois aura fort à faire pour mobiliser alors que LREM et LR ont subi un cinglant revers au plan national
Dans cette circonscription rurale et populaire, le vote s’annonce plus que jamais volatil et imprévisible. Une seule certitude : le nom du vainqueur sera particulièrement scruté et commenté, bien au-delà des frontières de la Corrèze.