Une semaine après le renversement surprise du gouvernement de Michel Barnier, l’ancien président François Hollande sort du silence pour s’expliquer sur son vote en faveur de la motion de censure. Dans une interview accordée au Parisien, le député socialiste de Corrèze affirme ne pas regretter sa décision, estimant qu’elle a permis de « clarifier la situation politique ».
Un vote sur « les conditions de nomination » et « le fond »
Selon François Hollande, son choix de voter la censure portait à la fois sur « les conditions de nomination » de Michel Barnier en septembre dernier, adoubé par une alliance entre macronistes et droite pour empêcher l’accession au pouvoir du Nouveau Front populaire, et sur « le fond » du projet de budget de la Sécurité sociale jugé « inacceptable ». L’ex-locataire de l’Élysée pointe notamment du doigt le refus du gouvernement d’intégrer les amendements « significatifs » proposés par les socialistes lors des débats parlementaires.
Si l’ancien chef de l’État reconnaît que Michel Barnier est « un homme éminemment respectable », il estime néanmoins que sa ligne politique « rendait son gouvernement dépendant du Rassemblement national » en refusant de se tourner vers la gauche. Un positionnement intenable pour François Hollande.
Hollande se félicite d’avoir « accéléré un processus politique »
Malgré la stupeur provoquée dans l’opinion publique par cette crise politique à quelques jours de Noël, François Hollande se félicite d’avoir « accéléré un processus politique » en poussant Emmanuel Macron à clarifier ses alliances et en conduisant « tous les acteurs à se mettre dans une position de responsabilité ». Une manière pour lui de justifier le bien-fondé de son vote.
La motion de censure est toujours une décision lourde. Mais elle a clarifié la situation politique.
François Hollande, député PS de Corrèze
Marine Le Pen et Jean-Luc Mélenchon, les « perdants » de la crise
Au-delà de la majorité présidentielle, l’ancien président voit dans ce psychodrame des perdants dans tous les camps. À commencer par Marine Le Pen, « victime de sa propre décision » selon lui. « Elle prétendait tirer les dividendes d’une respectabilité et d’un dialogue avec le gouvernement. En le censurant, elle a tout perdu », tacle François Hollande. Quant à Jean-Luc Mélenchon, il apparaîtrait désormais comme « un éternel candidat déterminé à empêcher » pendant que les socialistes ont repris leur « liberté ».
Vers une clarification des lignes politiques
Au final, le successeur de Nicolas Sarkozy se réjouit que « personne dans le bloc central ne parle plus de la même manière » à une partie du Nouveau Front populaire. Et de fustiger le comportement des « Insoumis qui restent seuls » pour avoir refusé de participer aux échanges avec Emmanuel Macron, contrairement au reste de la gauche.
Dans ce nouveau paysage politique qui semble se dessiner, François Hollande appelle de ses vœux qu’il n’y ait « ni élection présidentielle anticipée, ni dissolution » d’ici 2027. Histoire de laisser le temps aux lignes de se stabiliser durablement. Reste à savoir si son vœu sera exaucé dans les mois à venir.