En cette fin juin ensoleillée, les terres corréziennes s’animent au rythme d’une campagne législative pas comme les autres. François Hollande, ancien président de la République, a créé la surprise en annonçant sa candidature dans la 1ère circonscription de Corrèze sous les couleurs du Nouveau Front populaire. Un retour aux sources pour ce politicien chevronné qui espère ainsi endiguer la montée annoncée du Rassemblement national à l’Assemblée.
Un enfant du pays de retour sur ses terres
Pour François Hollande, la Corrèze n’est pas un terrain inconnu. C’est ici qu’il a fait ses premiers pas en politique, devenant maire de Tulle en 1995 puis député de la 1ère circonscription à partir de 1997. Un ancrage local qui lui a permis de tisser des liens forts avec les habitants et les élus locaux.
Attablé dans une auberge traditionnelle, l’ex-président savoure ces retrouvailles tout en exposant sa motivation : « J’aurais pu rester dans mon rôle d’ancien président et simplement regarder le chaos, mais je ne l’aurais pas bien vécu », confie-t-il. Une façon de justifier ce retour sur le devant de la scène après plusieurs années en retrait.
Une popularité à reconquérir
Si François Hollande peut compter sur un fort capital sympathie en Corrèze, sa popularité au niveau national reste à reconquérir. Son quinquennat à la tête de l’État de 2012 à 2017 a été marqué par une impopularité record, le poussant à renoncer à se présenter pour un second mandat.
Mais pour le socialiste, cette législative express est l’occasion de prendre sa revanche. En s’engageant dans la bataille face à la poussée du RN, il entend incarner une alternative crédible et rassembleuse face aux extrêmes. Un pari osé à l’heure où les partis traditionnels semblent en perte de vitesse.
Une campagne sur le terrain
Pour convaincre, François Hollande a choisi une stratégie simple : le terrain. Sillonnant les routes de la circonscription, il multiplie les rencontres avec les habitants, les commerçants, les agriculteurs. Une manière de renouer le dialogue et de montrer son attachement au territoire.
Dans son ancien fief, chaque arrêt est l’occasion d’une embrassade, d’une anecdote partagée, d’un éclat de rire. « Les gens sont contents de me voir, ils disent “ah François, on ne vous avait pas vu depuis longtemps !” », s’amuse l’ancien président, qui semble prendre un malin plaisir à ces échanges.
Un programme ancré à gauche
Sur le fond, François Hollande défend le programme du Nouveau Front populaire, une alliance des forces de gauche opposées à la NUPES de Jean-Luc Mélenchon. Au menu : hausse du SMIC, planification écologique, rétablissement de l’ISF ou encore refonte des institutions.
Des propositions dans lesquelles l’ancien chef de l’État retrouve ses fondamentaux de gauche, lui qui s’était attiré les critiques d’une partie de son camp en menant une politique jugée trop social-libérale durant son quinquennat. L’occasion de prendre sa revanche ?
Un duel annoncé avec le RN
Sur le papier, François Hollande part favori dans une circonscription qui lui a souvent souri par le passé. Mais dans un contexte de forte poussée du Rassemblement national, rien n’est joué d’avance. Les sondages prédisent un duel serré avec le candidat RN au second tour.
Un scénario dont l’ancien président a bien conscience. « Je sais que la partie n’est pas gagnée, que je dois me battre jusqu’au bout », assure-t-il, déterminé à livrer une campagne combative pour faire barrage à l’extrême droite.
Le début d’une nouvelle page ?
Au-delà de l’enjeu corrézien, beaucoup voient dans ce retour surprise de François Hollande l’espoir d’une renaissance de la social-démocratie face à la radicalisation du débat politique. Si l’ancien président réussit son pari, ce comeback pourrait marquer le début d’une nouvelle page de sa saga politique.
Une chose est sûre : en retrouvant le chemin des estrades et des marchés, François Hollande semble avoir retrouvé une seconde jeunesse. Comme si la Corrèze et sa terre d’élection avaient le pouvoir de revigorer ce politicien aguerri qui n’a pas dit son dernier mot. Rendez-vous est pris dans les urnes les 30 juin et 7 juillet.
