C’est un véritable bouleversement dans le paysage politique français. À 73 ans, François Bayrou, figure incontournable du centrisme et soutien indéfectible d’Emmanuel Macron, vient d’être nommé Premier ministre. Une consécration tardive pour ce vétéran qui a voué sa carrière à défendre un « centre » indépendant, souvent considéré comme une chimère dans un pays traditionnellement clivé entre droite et gauche.
Un destin politique atypique
Fils d’agriculteurs béarnais, François Bayrou a gravi un à un les échelons de la vie publique. Malgré trois tentatives infructueuses à l’élection présidentielle, en 2002, 2007 et 2012, il n’a jamais renoncé à ses convictions centristes. Un engagement constant qui force le respect, même chez ses adversaires politiques.
Un bègue aussi éloquent, un centriste aussi ferme, un catholique aussi laïque, François Bayrou sera un jour un redoutable candidat à l’élection présidentielle.
François Mitterrand
Le pari gagnant de 2017
En 2017, François Bayrou décide de ne pas se présenter une quatrième fois à la présidentielle. Il préfère miser sur un jeune ministre prometteur mais encore méconnu : Emmanuel Macron. Un choix audacieux qui va s’avérer payant.
« Vous n’avez pas l’âge qu’il faut, mais ça ne fait rien. Si vous pouvez réussir là où j’ai échoué (…) je vous aiderai », lance-t-il alors à son cadet de 26 ans. Une fois élu, Emmanuel Macron nomme son mentor ministre de la Justice. Mais l’expérience tourne court. Après seulement 34 jours, François Bayrou est contraint à la démission suite à une enquête sur des soupçons d’emplois fictifs au sein de son parti, le MoDem.
L’éminence grise de l’Élysée
Malgré ce revers, François Bayrou reste un proche conseiller d’Emmanuel Macron. Consulté sur tous les sujets importants, il n’hésite pas à faire entendre sa différence, notamment sur la réforme des retraites. Une liberté de ton qui témoigne de sa relation privilégiée avec le chef de l’État.
Maire de Pau depuis 2014, François Bayrou revendique avec fierté ses racines béarnaises. Il voue d’ailleurs une fascination pour le plus célèbre enfant du pays : le roi Henri IV. Clin d’œil du destin, c’est le jour anniversaire de la naissance du « bon roi Henri » qu’il devient Premier ministre, lui qui a consacré une biographie à ce monarque rassembleur.
Le défi de la réconciliation
Pour son premier discours de chef du gouvernement, François Bayrou a logiquement rendu hommage à Henri IV en citant son appel à la réconciliation. Un symbole fort au moment où la France traverse une période de tensions et de divisions.
Réputé pour avoir une haute opinion de lui-même, François Bayrou n’a pas hésité à se comparer à Georges Clemenceau, rappelant qu’il avait 76 ans lorsqu’il est redevenu chef du gouvernement en 1917. « Quand ils sont venus le chercher, il avait 76 ans et il a sauvé le pays », soulignait-il en 2022.
À 73 ans, ce professeur agrégé de lettres classiques, marié et père de six enfants, aura la lourde tâche de réformer le pays et d’apaiser les esprits. Un défi à la hauteur de ce personnage singulier qui a su imposer sa vision d’un centre indépendant et faire de sa différence une force.
