Confrontés à une crise sans précédent, la moitié des départements français sont actuellement dans une situation financière des plus précaires. Le cri d’alarme a été lancé par François Sauvadet, président de Départements de France, qui évoque des dépenses en hausse de 3 milliards d’euros et des recettes en baisse du même montant. Un gouffre financier qui met en péril l’avenir même de ces collectivités territoriales.
Face à ce constat alarmant, le Premier ministre François Bayrou a décidé de tendre la main aux départements en leur promettant un « rendez-vous de refondation ». L’objectif : se mettre autour de la table dans un délai « court » pour discuter de l’avenir de ces collectivités et trouver des solutions à leurs difficultés financières. Une main tendue qui intervient alors que certains redoutaient une disparition pure et simple de l’échelon départemental.
Les départements, une institution en crise
Créés il y a 235 ans, les départements font aujourd’hui face à une crise existentielle majeure. Pris en étau entre la montée en puissance des régions et des métropoles d’un côté, et les restrictions budgétaires de l’autre, ils peinent à trouver leur place dans le millefeuille territorial français. Une situation qui n’a fait que s’aggraver ces dernières années.
Pourtant, selon François Bayrou, la suppression pure et simple des départements n’est pas à l’ordre du jour. Au contraire, il estime que ces collectivités ont toujours un rôle important à jouer, notamment en matière de solidarités humaines et territoriales. Mais pour cela, il faut repenser en profondeur leur fonctionnement et leurs missions.
Un constat sans appel
Le diagnostic posé par François Sauvadet est sans équivoque. Selon lui, les départements font face à une triple peine :
- Une explosion de leurs dépenses sociales, notamment liées au vieillissement de la population et à la précarité
- Une chute de leurs recettes, en particulier celles issues des droits de mutation immobiliers
- Un effet ciseau qui grève lourdement leurs finances et les met dans une situation intenable
Face à ce constat, le représentant des départements tire la sonnette d’alarme et demande un soutien fort de l’État. Car sans aide, c’est la capacité même des départements à assurer leurs missions de solidarité qui est remise en cause.
La moitié des départements de France sont à ce jour en très grande difficulté. Nous avons trois milliards d’euros de dépenses en plus et trois milliards d’euros de recettes en moins.
François Sauvadet, président de Départements de France
Un avenir en pointillé
Si la promesse de François Bayrou d’un « rendez-vous de refondation » est une première réponse à l’appel du pied des départements, de nombreuses questions restent en suspens. Quelle sera la teneur exacte des discussions à venir ? Quels moyens financiers l’État est-il prêt à mettre sur la table pour aider les départements en difficulté ? Et surtout, quelle vision pour l’avenir de ces collectivités ?
Autant d’interrogations auxquelles il faudra répondre rapidement. Car pour François Sauvadet, l’heure n’est plus aux tergiversations mais à l’action. Les départements ont besoin de réponses concrètes et rapides pour faire face à la crise qui les frappe de plein fouet.
Refonder plutôt que supprimer
En refusant d’envisager la suppression pure et simple des départements, François Bayrou envoie un message fort. Celui d’un gouvernement qui croit encore en l’utilité et la pertinence de cet échelon territorial, malgré les difficultés actuelles. Une position qui tranche avec celle de certains qui voyaient dans la crise l’occasion de faire table rase du passé.
Mais si le Premier ministre écarte l’option de la suppression, il n’en appelle pas moins à une refondation en profondeur des départements. Objectif : les rendre plus efficaces, plus lisibles et mieux à même de répondre aux défis d’aujourd’hui et de demain. Un véritable changement de paradigme qui nécessitera du temps et de la concertation.
Je suis d’accord pour dire que la crise est immense et que le caractère illisible de l’avenir est un sujet de dépression, d’inquiétude, de découragement pour les départements.
François Bayrou, Premier ministre
Les départements face à leur destin
Alors que François Bayrou leur tend la main, les départements sont aujourd’hui face à un choix crucial. Soit ils se saisissent de cette opportunité de refondation pour se réinventer et retrouver une nouvelle légitimité. Soit ils restent arc-boutés sur leurs positions et prennent le risque de se voir progressivement dépouillés de leurs compétences au profit d’autres collectivités.
Un choix cornélien qui en dit long sur l’ampleur du défi qui attend les départements dans les mois et les années à venir. Car au-delà des questions financières, c’est bien la place et le rôle même de ces collectivités dans l’architecture territoriale française qui est en jeu.
Les prochaines discussions s’annoncent donc cruciales pour l’avenir des départements. François Sauvadet en est bien conscient, lui qui appelle à poser rapidement la question de leur financement. Mais il sait aussi que les départements devront faire preuve de pédagogie et de persuasion pour convaincre de leur utilité. Un défi de taille, mais qui n’est pas insurmontable si la volonté politique est au rendez-vous.
Une chose est sûre : le « rendez-vous de refondation » promis par François Bayrou sera scruté avec attention par tous les acteurs locaux. Car au-delà du sort des départements, c’est bien l’avenir de toute l’organisation territoriale française qui se joue en filigrane. Un sacré défi pour le gouvernement, qui devra faire preuve de doigté et de vision pour réussir ce pari audacieux. Les départements, eux, espèrent que ce rendez-vous tiendra toutes ses promesses. Leur survie en dépend.
