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François Bayrou promet de réviser les normes agricoles

Le premier ministre François Bayrou promet de réviser les normes agricoles imposées aux agriculteurs français, jugées plus contraignantes que celles de leurs voisins européens. Il annonce des conférences sur l'eau et une nouvelle loi d'orientation agricole très attendue par la profession. Parviendra-t-il à apaiser la colère du monde paysan ?

Lors de son discours de politique générale ce mardi à l’Assemblée nationale, le premier ministre François Bayrou a déclaré vouloir remettre en question les « pyramides de normes » qui pèsent sur les agriculteurs français. Une annonce très attendue par une profession en crise, qui dénonce depuis des mois des règles jugées trop contraignantes par rapport à celles imposées à leurs concurrents européens.

Un « sentiment de ne pas être respectés » chez les agriculteurs

« Quand nous évoquons leur crise, nous voyons ce qui saute aux yeux : la crise des revenus, le sentiment qu’ont nos agriculteurs de n’être pas respectés », a souligné François Bayrou devant les députés, au lendemain d’une rencontre avec les principaux syndicats agricoles. Des syndicats qui n’ont pas mâché leurs mots ces derniers mois pour dénoncer la dégradation de leurs conditions de travail et de rémunération.

On impose à nos agriculteurs des normes et des obligations qui ne sont pas imposées à nos voisins européens.

François Bayrou, premier ministre

Le premier ministre a notamment évoqué l’accord de libre-échange controversé entre l’Union européenne et le Mercosur (marché commun sud-américain), auquel la France est vivement opposée. Un accord qui fait craindre une concurrence déloyale aux agriculteurs français, soumis à des normes environnementales, sanitaires et sociales plus strictes que celles en vigueur en Amérique du Sud.

Des « conférences sur l’eau » et une loi d’orientation agricole attendues

Pour tenter d’apaiser les inquiétudes, François Bayrou a annoncé vouloir organiser des « conférences sur l’eau » aux niveaux national et régional, afin de « définir une stratégie de long terme ». Un enjeu crucial pour une agriculture française confrontée à des sécheresses de plus en plus fréquentes et intenses du fait du changement climatique.

Autre annonce très attendue par le monde agricole : l’examen au Sénat le 4 février prochain de la loi d’orientation agricole, qui doit redéfinir les priorités de la politique agricole française. Une échéance plusieurs fois reportée à cause de l’instabilité politique et gouvernementale de ces derniers mois.

Le premier ministre taxe de « faute » certaines inspections

François Bayrou a par ailleurs jugé qu’il était une « faute » que l’Office français de la biodiversité mène certaines inspections « avec une arme ». Une allusion à des contrôles musclés et décriés chez des agriculteurs, visant à vérifier le respect des normes environnementales.

Ceux que l’on contrôle doivent avoir leur mot à dire sur les contrôles et s’il faut des remises en cause, nous les conduirons avec eux dans un temps bref.

François Bayrou, premier ministre

Le premier ministre veut ainsi impliquer davantage les agriculteurs dans la définition et l’application des normes qui s’imposent à eux. Une promesse qui fait écho à une revendication de longue date des syndicats agricoles, qui réclament plus de concertation et de souplesse face à « l’inflation normative ».

Une profession dubitative après des années de « promesses non tenues »

Malgré ces engagements, la profession agricole, échaudée par des années de « promesses non tenues » selon elle, reste prudente. D’après une source proche des syndicats agricoles, beaucoup craignent que l’exécutif « ne prenne pas la mesure de l’urgence » et « tergiverse » à nouveau sur des sujets jugés prioritaires.

Le ministre de l’Agriculture Marc Fesneau aura donc fort à faire ces prochaines semaines pour préciser le calendrier et les modalités concrètes de cette révision des normes agricoles. L’enjeu est de taille pour l’exécutif, qui joue une partie de sa crédibilité auprès d’un monde paysan en souffrance. Réussira-t-il son pari ? Réponse dans les prochains mois.

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