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François Bayrou Parie sur l’Apaisement pour Durer au Pouvoir

Pari risqué ou coup de maître ? La stratégie d'apaisement de François Bayrou pour durer au pouvoir. Entre concessions et fermeté, le nouveau Premier ministre joue gros pour rassembler une majorité fragile...

C’était un discours très attendu. Mercredi dernier, pour sa déclaration de politique générale devant l’Assemblée nationale, le nouveau Premier ministre François Bayrou a sorti la carte de l’apaisement. Avec un savant mélange de concessions et de fermeté, il tente de rassembler une majorité fragile pour s’inscrire dans la durée à Matignon.

Une stratégie du compromis pour désamorcer les tensions

D’après une source proche de l’exécutif, François Bayrou aurait longuement réfléchi à la meilleure approche pour ce discours crucial. Son objectif : apaiser les esprits après des mois de crise politique et sociale. «Il fallait trouver le bon équilibre entre ouverture et autorité», confie ce conseiller.

Ainsi, sur les sujets sensibles comme la réforme des retraites, l’immigration ou les institutions, le locataire de Matignon a multiplié les gages. Pas question de revenir sur le report de l’âge légal à 64 ans, mais des ajustements sont envisagés, notamment sur la prise en compte de la pénibilité. Sur Mayotte, priorité à la sécurité et au développement économique. Quant à la proportionnelle, François Bayrou s’est dit prêt à en discuter, tout en rappelant son attachement au scrutin uninominal.

Rassurer sur l’économie et l’entreprise

Alors que plane l’ombre d’une récession, le Premier ministre a aussi voulu rassurer le monde économique. Baisse des impôts de production, simplification administrative, soutien à l’innovation… Un catalogue de mesures pro-business saluées par le patronat.

«Avec ce discours, François Bayrou montre qu’il a entendu le message des entrepreneurs», se réjouit un responsable du Medef.

Mais cette main tendue aura un prix. Le gouvernement attend en retour des efforts en matière de transition écologique et de partage de la valeur en entreprise. Un donnant-donnant que certains jugent déséquilibré.

Ménager sa majorité et amadouer l’opposition

Au-delà du fond, c’est aussi la forme qui était scrutée. Avec ce discours mesuré, François Bayrou cherche à ménager les différentes sensibilités de sa majorité composite. Car les tensions restent vives entre le MoDem, Renaissance et Horizons. D’où ces clins d’œil, comme la référence appuyée à l’héritage européen de Valéry Giscard d’Estaing.

Quant à l’opposition, si la méfiance demeure, certains y voient quand même des signes d’ouverture. «C’est un discours moins clivant, plus rassembleur qu’à l’accoutumée», concède un député LR. Chez les socialistes, on apprécie la priorité donnée à l’école et à la santé. Mais tous attendent maintenant des actes.

Un pari risqué sur le temps long

Avec cette stratégie d’apaisement, François Bayrou fait un pari : celui du temps long. Il espère que ces gestes d’ouverture lui permettront de bâtir des compromis durables, au-delà du vote de confiance. Un conseil de refondation, associant partenaires sociaux et élus locaux, doit d’ailleurs être lancé dès septembre.

Mais c’est aussi un risque. Celui d’apparaître comme un premier ministre faible, incapable d’imprimer sa marque. «À force de compromis, on finit par se renier», met en garde un proche. François Bayrou en est conscient. Lui qui aime à citer Montaigne devra plus que jamais composer «entre l’enclume et le marteau».

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