Dimanche soir, invité sur le plateau de BFMTV, François Bayrou, président du Modem, a exprimé son opposition quant à une possible exécution provisoire de la peine d’inéligibilité requise contre Marine Le Pen dans l’affaire des assistants parlementaires européens du Front national (devenu Rassemblement national).
Cette position du centriste fait suite aux réquisitions du parquet qui a demandé à l’encontre de la députée du Pas-de-Calais une peine d’inéligibilité de 5 ans avec exécution provisoire. Si les juges suivaient ces réquisitions, Marine Le Pen pourrait se voir privée d’une nouvelle candidature à l’élection présidentielle de 2027.
François Bayrou, défenseur des principes démocratiques
Selon l’ancien ministre de la Justice, une telle décision serait problématique dans une démocratie :
Dans une démocratie, on doit pouvoir faire appel de toutes les décisions.
François Bayrou rappelle d’ailleurs que plusieurs élus du Modem ont déjà été sanctionnés de cette manière en début d’année. Lui-même a été relaxé en février dans une affaire similaire.
Bayrou veut combattre Le Pen « dans les urnes »
Le président du Modem, qui affirme avoir « combattu le Front national sans aucune interruption à toutes les élections et à tous les débats », estime qu’un empêchement de Marine Le Pen d’ici 2027 amènerait certains citoyens à « considérer qu’il y a quelque chose qui biaise la vie démocratique ». Selon lui, les opposants politiques doivent être combattus via le vote des électeurs.
Un soutien inattendu sur le plan judiciaire
Sur l’aspect purement judiciaire du dossier, François Bayrou exprime, « avec prudence », une forme de soutien envers le Rassemblement national. Il dénonce notamment une confusion dans les termes employés :
On dit « détournement de fond public » et tout le monde pense à l’action publique. Ce n’est pas vrai : les fonds dont il s’agit ne sont pas des fonds d’action publique. Ce sont des fonds dont le but est exclusivement le soutien aux parlementaires.
Le centriste va même jusqu’à déclarer : « Je n’aime pas l’injustice, même quand elle est faite à mes adversaires. » Un soutien pour le moins surprenant de la part de cet opposant historique au parti de Marine Le Pen.
Un procès aux enjeux majeurs pour l’avenir du RN
Au-delà du sort personnel de sa présidente, c’est l’avenir du Rassemblement national qui se joue dans ce procès hors norme. Une condamnation sévère pourrait durablement affaiblir ce parti devenu la principale force d’opposition à Emmanuel Macron.
De son côté, Marine Le Pen dénonce « un procès politique » et une « ingérence insupportable » de la justice dans la vie démocratique du pays. Ses avocats, qui plaident jusqu’au 27 novembre, tenteront de contrer les lourdes réquisitions du parquet.
Le jugement sera mis en délibéré et rendu dans plusieurs semaines. Il pourrait marquer un tournant dans l’histoire mouvementée du Rassemblement national et rebattre les cartes pour la prochaine élection présidentielle.