Invité ce mardi sur le plateau de LCI, François Bayrou, président du Mouvement Démocrate (MoDem) et Haut-Commissaire au Plan, a abordé un sujet qui fait régulièrement débat en France : faut-il réduire le nombre de fonctionnaires pour moderniser l’administration et réaliser des économies budgétaires ?
Interrogé par Darius Rochebin sur cette question sensible, l’ancien ministre de l’Éducation nationale sous Jacques Chirac a apporté un éclairage intéressant, tout en nuances. Sans se prononcer catégoriquement pour ou contre une telle réforme, François Bayrou a invité à réfléchir en profondeur aux enjeux et conséquences d’une éventuelle baisse des effectifs de la fonction publique.
Qualité des services publics en question
Le centriste béarnais a d’abord souligné que la question du nombre de fonctionnaires est indissociable de celle de la qualité du service public rendu aux citoyens. Réduire les effectifs sans réflexion pourrait en effet dégrader les prestations offertes à la population et creuser les inégalités territoriales.
On ne peut pas raisonner uniquement en termes quantitatifs, il faut aussi évaluer l’impact qualitatif sur les services de proximité, comme les écoles, les hôpitaux ou les transports.
François Bayrou, sur LCI
Repenser les missions de l’État
Pour le Haut-Commissaire au Plan, avant de supprimer des postes, il convient de redéfinir les périmètres d’intervention et les missions prioritaires de la puissance publique. Certaines tâches pourraient être allégées ou automatisées grâce au numérique, d’autres externalisées au secteur privé ou associatif, permettant de réaffecter les agents là où les besoins sont les plus criants.
L’État doit se recentrer sur son cœur de métier : éducation, sécurité, justice, santé… Cela implique de repenser son organisation et son fonctionnement, dans une logique de subsidiarité et d’efficience.
François Bayrou, sur LCI
Dialogue social et accompagnement indispensables
Autre condition sine qua non selon François Bayrou : associer les organisations syndicales et les agents à la réflexion, dans le cadre d’un dialogue social approfondi. Il faudra aussi prévoir des mesures d’accompagnement pour les fonctionnaires dont les postes seraient supprimés : formation, mobilité, aides à la reconversion…
On ne peut pas imposer une réforme de cette ampleur par le haut, sans concertation. Et il faut absolument éviter les départs contraints et prendre en compte les situations humaines.
François Bayrou, sur LCI
Un chantier de long terme
En conclusion, le président du MoDem a estimé qu’une éventuelle baisse des effectifs dans la fonction publique ne pourrait se faire que progressivement et sur le long terme, au fil des départs à la retraite notamment. Il a appelé à se garder de toute précipitation ou dogmatisme sur ce dossier complexe.
C’est un sujet qui nécessite du temps, de la méthode et de la concertation. Il en va de la pérennité et de la qualité de nos services publics, auxquels les Français sont attachés.
François Bayrou, sur LCI
Des propos mesurés donc, qui tranchent avec certaines déclarations plus tranchées dans le débat public. Reste à savoir quelle sera la position du gouvernement sur ce dossier sensible, dans un contexte budgétaire tendu et à l’approche de futures échéances électorales. La question du nombre et du rôle des fonctionnaires est loin d’être tranchée.