C’est un épisode mouvementé qui agite les coulisses du nouveau gouvernement. Alors que le Premier ministre François Bayrou s’apprêtait à dévoiler son équipe, un différend majeur l’a opposé à Xavier Bertrand, pressenti pour prendre les rênes du Ministère de la Justice. Une nomination qui n’aura finalement pas lieu, le président de la région Hauts-de-France ayant refusé de participer à un gouvernement « formé avec l’aval de Marine Le Pen ».
Désaccord sur la vision de la Justice
Au cœur de cette divergence, c’est bien la philosophie à adopter pour ce ministère régalien qui semble avoir cristallisé les tensions. Selon des propos rapportés par François Bayrou sur BFMTV, Xavier Bertrand aurait « proposé une démarche violente ». Le Premier ministre a notamment pointé du doigt l’idée de « facturer directement les amendes avec retenue sur salaire », une mesure jugée trop brutale.
« Xavier Bertrand proposait une démarche que je trouvais violente »
François Bayrou, Premier ministre
Pour François Bayrou, « le ministère de la Justice n’est pas un ministère de guerre, de fracture, d’agressions entre les uns et les autres ». Une vision manifestement incompatible avec celle portée par Xavier Bertrand. En conséquence, et malgré de « nouvelles propositions » de la part du Premier ministre, l’ancien ministre a préféré décliner toute participation au gouvernement.
L’ombre du Rassemblement national
Dans un communiqué cinglant, Xavier Bertrand a directement mis en cause l’influence du Rassemblement national dans ce revirement. Il affirme avoir été informé par François Bayrou qu’il n’était « plus en mesure de [lui] confier la responsabilité du ministère de la Justice en raison de l’opposition du Rassemblement national ». Une accusation balayée par le locataire de Matignon.
« Ça n’a rien à voir avec une défiance de Marine Le Pen mais une défiance de moi », a martelé François Bayrou, réfutant catégoriquement tout droit de regard du RN, pourtant premier groupe à l’Assemblée nationale, sur la composition de son équipe gouvernementale.
Une nomination polémique
L’hypothèse d’une entrée de Xavier Bertrand au gouvernement avait suscité de vives réactions dans les rangs du Rassemblement national. L’intéressé, opposant résolu à l’extrême droite, était perçu comme une ligne rouge. « C’est un très mauvais signe », avait prévenu le député RN Jean-Philippe Tanguy, laissant planer la menace d’une motion de censure.
Malgré ces remous, François Bayrou a tenu à clarifier sa position, affirmant avoir lui-même écarté Xavier Bertrand en raison de divergences de fond sur l’approche du ministère de la Justice. Un poste hautement stratégique et symbolique, qui cristallise les passions et les oppositions au sein même de la nouvelle majorité.
Les défis du nouveau gouvernement
Cet épisode illustre les difficultés auxquelles sera confronté François Bayrou pour faire émerger un consensus au sein d’une équipe gouvernementale issue d’horizons politiques divers. Entre la nécessité de composer avec les forces en présence à l’Assemblée et la volonté d’imprimer sa marque, l’exercice s’annonce périlleux.
La composition du nouveau gouvernement, très attendue, sera scrutée avec attention. Elle donnera une indication claire sur les équilibres et les rapports de force qui prévaudront pour les mois et les années à venir. Une étape cruciale pour François Bayrou, qui jouera là une partie de sa crédibilité et de sa capacité à incarner une ligne politique claire dans un paysage fragmenté.
Une chose est sûre : la tâche s’annonce ardue pour ce gouvernement qui devra en permanence naviguer entre des impératifs contradictoires et des attentes difficilement conciliables. L’épisode Xavier Bertrand n’est probablement qu’un avant-goût des turbulences à venir. À François Bayrou de démontrer son aptitude à tenir la barre dans la tempête.
