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Francfort Roi des Plus-Values : Lens Brille, OM Déçoit

364 M€ de bénéfice en cinq ans pour Francfort, Lens 6e européen… Pendant ce temps, l’OM perd 31 M€ sur ses transferts. Comment certains clubs transforment chaque recrue en mine d’or tandis que d’autres brûlent leur argent ? La réponse va vous surprendre.

Imaginez un club capable de transformer presque chaque joueur recruté en jackpot. Un club qui achète à prix d’ami, développe, et revend à prix d’or, encore et encore. Ce club existe, il s’appelle l’Eintracht Francfort, et il vient d’être sacré champion d’Europe… des plus-values transferts.

Le classement qui fait trembler les présidents

Le Centre international d’étude du sport (CIES) a publié son rapport annuel sur les bilans transferts des cinq dernières saisons. Et le verdict est sans appel : certains clubs ont compris que le football moderne se joue aussi, et surtout, sur le marché des transferts. Dépenses maîtrisées, reventes explosives, scouting chirurgical… voilà la recette qui sépare les riches des très riches.

En tête du classement trône l’Eintracht Francfort avec un bénéfice stratosphérique de 286 millions d’euros. Oui, vous avez bien lu. 78 millions investis, 364 millions récupérés. Une rentabilité qui fait passer Wall Street pour un livret A.

Francfort, la machine à cash allemande

Comment font-ils ? La réponse tient en trois noms : Kolo Muani, Marmoush, Ekitike. Trois joueurs arrivés pour presque rien (ou gratuitement) et repartis pour des sommes folles. Randal Kolo Muani, recruté libre en 2022, a été cédé 90 millions au PSG un an plus tard. Omar Marmoush, arrivé sans indemnité, file à Manchester City contre 75 millions. Hugo Ekitike, acheté 31,5 millions, revend 90 millions à Liverpool douze mois après.

Derrière cette réussite, un homme : Markus Krösche. Le directeur sportif de l’Eintracht est devenu la référence absolue en matière de trading. Il repère des talents sous-cotés, les sublime en Bundesliga, puis les vend au prix fort aux géants européens. Une stratégie claire, froide, implacable.

« On ne construit pas une équipe pour gagner la Bundesliga, mais pour créer de la valeur. »

Un dirigeant de Francfort (anonyme)

Lens, la fierté française qui monte sur le podium européen

À la 6e place mondiale, on trouve… le RC Lens ! Avec 134 millions d’euros de bénéfice, le club artésien est tout simplement le meilleur club français dans cet exercice. Et pourtant, personne ne parle d’eux comme d’un cador du mercato. Erreur.

Abdukodir Khusanov acheté 450 000 euros et revendu 40 millions + bonus à Manchester City. Neil El-Aynaoui recruté pour 600 000 euros et cédé 23,5 millions à l’AS Rome. Ces opérations ne doivent rien au hasard. Arnaud Pouille et son équipe ont mis en place un modèle économique redoutable : recruter jeune, peu cher, dans des championnats méconnus, développer, et vendre au moment parfait.

Et derrière Lens, un autre français pointe le bout de son nez : le LOSC, 10e avec 112 millions de plus-value. Lille confirme qu’il reste l’un des clubs les plus malins d’Europe sur le marché.

Le Top 10 des rois du trading (2019-2025)

RangClubBénéficeDépensesRecettes
1Eintracht Francfort+286 M€78 M€364 M€
2Brighton+221 M€171 M€392 M€
3VfB Stuttgart+178 M€48 M€226 M€
4Atalanta+150 M€182 M€332 M€
5Benfica+147 M€213 M€360 M€
6RC Lens+134 M€122 M€256 M€
7Udinese+128 M€52 M€180 M€
8Union SG+113 M€21 M€134 M€
9Lecce+113 M€17 M€130 M€
10Lille+112 M€37 M€149 M€

Regardez bien : sur les dix premiers, trois clubs ont dépensé moins de 80 millions en cinq ans. La preuve que l’argent n’achète pas forcément la réussite sur le marché.

L’OM, Manchester United… les gros chèques qui pleurent

À l’autre bout du classement, on trouve les habitués des folies dépensières. Al-Hilal truste la dernière place avec un déficit abyssal, mais ce n’est pas une surprise. Plus gênant : voir l’Olympique de Marseille pointer parmi les clubs en perte.

Sur cinq saisons, l’OM affiche -31 millions d’euros de bilan transferts. 295 millions dépensés, seulement 264 récupérés. Un gouffre. Même Manchester United, avec ses centaines de millions brûlés chaque année, fait à peine mieux à -74 millions.

Comment en est-on arrivé là ? Achats à prix fort (souvent en urgence), reventes compliquées, joueurs en fin de contrat… Le cocktail classique des clubs qui courent après les résultats immédiats sans vision long terme.

Pourquoi certains clubs gagnent toujours au jeu du trading

La différence ne tient pas qu’à l’argent. Elle tient à la patience, au scouting, à la structure. Les clubs qui dominent ce classement partagent plusieurs points communs :

  • Ils recrutent dans des championnats peu médiatisés (Scandinavie, Amérique du Sud, Europe de l’Est)
  • Ils misent sur des profils jeunes (20-24 ans) avec un fort potentiel de progression
  • Ils acceptent de vendre au pic de valeur, même si le joueur performe
  • Ils réinvestissent immédiatement les bénéfices
  • Ils ont une direction sportive stable et compétente

Francfort, Brighton, Lens, Benfica… tous appliquent cette recette avec une discipline de fer. Pendant ce temps, d’autres clubs continuent de croire que dépenser 50 millions sur un joueur de 29 ans est une bonne idée.

Et demain ? Vers un football à deux vitesses

Ce classement révèle une fracture qui s’agrandit. D’un côté, les clubs « traders » qui construisent leur compétitivité sur leur intelligence économique. De l’autre, les clubs « consommateurs » qui dépendent de propriétaires richissimes ou de droits TV colossaux.

Dans dix ans, les clubs maîtrisant le trading seront probablement ceux qui disputeront les places européennes chaque saison. Les autres risquent de végéter, même avec des budgets colossaux.

Le football change. Le beau jeu ne suffit plus. Aujourd’hui, le plus beau jeu, c’est peut-être celui qui se joue… sur Transfermarkt.

Et vous, quel club selon vous deviendra le prochain roi des plus-values ? Le prochain Lens ? Le prochain Francfort ? La réponse est peut-être déjà dans une petite ville de Belgique ou un championnat sud-américain oublié…

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