C’est une quête de vérité et de dignité qui a débuté mercredi dans une décharge du Manitoba, au Canada. Des équipes se sont lancées dans des fouilles minutieuses avec l’espoir de retrouver les restes de Morgan Harris, 39 ans, et Marcedes Myran, 26 ans, deux femmes autochtones brutalement assassinées par un tueur en série.
Jeremy Skibicki, 37 ans, a été reconnu coupable en juillet des meurtres de quatre femmes amérindiennes. Condamné à la prison à perpétuité, il ne pourra pas prétendre à une libération conditionnelle avant 25 ans. Mais si la justice a été rendue, les familles attendent toujours de pouvoir faire leur deuil.
Une violence disproportionnée envers les femmes autochtones
Car Morgan Harris et Marcedes Myran font partie des victimes dont les corps ont été jetés dans les ordures après avoir été violées, tuées et dépecées. Leurs restes seraient enfouis sous des tonnes de déchets dans la décharge de Prairie Green, à Winnipeg.
“Il s’agit de faire une bonne action et d’envoyer un message à tous les habitants du Manitoba : vous comptez et vous méritez la dignité. Quand quelqu’un disparaît, on part à sa recherche.”
– Wab Kinew, Premier ministre du Manitoba
Cette tragédie met en lumière le fléau des féminicides qui frappe de manière disproportionnée les femmes autochtones au Canada. Bien que ne représentant que 5% de la population féminine, elles constituent pourtant un cinquième des victimes de meurtres selon les statistiques officielles.
Une enquête publique nationale avait qualifié en 2019 cette violence de “génocide”. Jeremy Skibicki avait spécifiquement ciblé des femmes amérindiennes vulnérables qu’il avait rencontrées dans des foyers pour sans-abri.
Une lutte de longue haleine pour obtenir des fouilles
La grand-mère de Marcedes Myran a confié son soulagement de voir enfin les recherches débuter, après deux années d’un combat acharné. Des parties du corps d’une autre victime, Rebecca Contois, 24 ans, avaient déjà été retrouvées dans une benne à ordures et une autre décharge.
Mais le corps d’une quatrième victime, une femme d’une vingtaine d’années non identifiée, reste introuvable à ce jour. Les familles espèrent que les fouilles en cours permettront de lui rendre, ainsi qu’à Morgan Harris et Marcedes Myran, une dernière dignité.
Un symbole des injustices subies par les peuples autochtones
Au-delà de la résolution de ces crimes odieux, cette affaire est devenue le symbole du combat contre les violences et les injustices dont sont victimes les peuples autochtones au Canada. La mobilisation des proches et le soutien du gouvernement du Manitoba marquent une volonté de briser le cycle de l’indifférence.
Comme l’a souligné Wab Kinew, premier ministre de la province et lui-même autochtone, ces recherches sont un message fort pour affirmer la valeur de chaque vie perdue. Une manière de dire que personne ne devrait sombrer dans l’oubli et l’anonymat d’une décharge.
Les fouilles s’annoncent longues et complexes, les corps pouvant être ensevelis sous plusieurs mètres de détritus. Mais au-delà de l’horreur des crimes, cette quête témoigne de la résilience des communautés autochtones dans leur soif de vérité et de justice.
Chaque pelletée est un geste d’espoir pour des familles trop longtemps confrontées au silence et au mépris. Un premier pas, peut-être, vers une prise de conscience nationale pour endiguer ce fléau qui n’a que trop duré.