La situation demeure tendue dans l’est de la Syrie. Selon une source proche du dossier, de violents affrontements ont éclaté mercredi dans la province de Deir Ezzor, théâtre d’une offensive surprise lancée par des combattants alliés aux forces kurdes contre les positions du régime syrien le long de l’Euphrate. Malgré le soutien aérien de la coalition internationale menée par les États-Unis, les assaillants auraient finalement été repoussés par une vigoureuse contre-attaque des troupes loyalistes.
Bilan meurtrier et tensions à Deir Ezzor
D’après un décompte encore provisoire, ces combats auraient fait au moins 16 morts dans les deux camps, dont deux civils pris sous les feux croisés. Onze soldats et miliciens prorégime ainsi que trois combattants des Forces démocratiques syriennes (FDS, coalition arabo-kurde) figureraient parmi les victimes de cette nouvelle flambée de violence.
Si un calme précaire semble être revenu sur la zone, la situation n’en demeure pas moins explosive dans ce secteur hautement stratégique de l’est syrien. En effet, la province de Deir Ezzor est de facto partagée entre les forces du régime de Bachar al-Assad, qui contrôlent la rive ouest de l’Euphrate, et les FDS implantées sur la rive orientale du fleuve.
Enjeux stratégiques autour de l’Euphrate
Cette région revêt une importance cruciale, tant sur le plan militaire qu’économique, en raison notamment de la présence de vastes champs pétroliers. Les forces prorégime n’y conservent qu’une tête de pont à l’est de l’Euphrate, avec seulement sept villages sous leur contrôle face aux vastes étendues tenues par les FDS.
La proximité de bases américaines, comme celle de Conoco près de laquelle se sont déroulés les combats de mercredi, ajoute encore à la volatilité de la situation. Washington demeure en effet un soutien de poids pour les forces kurdes, qui ont constitué le fer de lance de la lutte contre le groupe État islamique en Syrie.
Soutien aérien américain aux FDS
Le Pentagone a d’ailleurs confirmé être intervenu dans les affrontements, en menant des frappes aériennes contre des positions prorégime dans le secteur de Deir Ezzor. Plusieurs lance-roquettes, un char d’assaut et des mortiers ont été détruits lors de ces bombardements.
Nous continuons à examiner qui a utilisé ces armes mais sachez qu’il y a des groupes pro-iraniens dans la zone qui ont mené des attaques par le passé.
Un porte-parole du ministère de la Défense américain
Malgré ce soutien, les combattants prokurdes n’ont pas réussi à percer les lignes adverses et ont dû se replier face à la riposte des forces loyalistes. Des échanges de tirs sporadiques se poursuivaient néanmoins en fin de journée, faisant craindre une reprise des hostilités à tout moment.
Un conflit syrien aux multiples acteurs
Plus de 11 ans après son déclenchement, le conflit syrien continue de faire rage, impliquant une myriade d’acteurs locaux et internationaux aux intérêts divergents voire contradictoires :
- Le régime de Damas et ses alliés, soutenus par la Russie et l’Iran
- Les forces kurdes des FDS, appuyées par les États-Unis
- Des groupes rebelles soutenus par la Turquie dans le nord du pays
- Les dernières poches jihadistes dans la région d’Idlib
Autant de protagonistes qui se partagent un pays morcelé et exsangue, où les lignes de front ne cessent d’évoluer au gré des offensives et contre-offensives. Les civils demeurent les principales victimes de cette guerre interminable, qui a fait près d’un demi-million de morts et des millions de déplacés et réfugiés.
Les combats à Deir Ezzor illustrent une fois de plus la grande volatilité de la situation en Syrie, où le moindre incident peut dégénérer à tout moment en affrontements de grande ampleur. Ils démontrent aussi que malgré les défaites successives des groupes jihadistes ces dernières années, la paix est encore loin d’être acquise dans ce pays ravagé par plus d’une décennie de guerre.
