Le monde du football européen est sous le choc. Merih Demiral, pilier de la défense turque, vient d’écoper d’une suspension de deux matchs de la part de l’UEFA pour « comportement inapproprié ». En cause : sa façon de célébrer l’un de ses deux buts inscrits mardi dernier face à l’Autriche en huitièmes de finale de l’Euro 2024. Un geste qui n’est pas passé inaperçu et qui a provoqué un véritable séisme diplomatique entre la Turquie et l’Allemagne, pays organisateur de la compétition.
Retour sur les faits
Mardi 2 juillet, la Turquie affronte l’Autriche en huitièmes de finale de l’Euro. À la 41e minute, sur un corner, Merih Demiral s’élève plus haut que tout le monde et ouvre le score d’une tête rageuse. Exultant, le défenseur de 25 ans se dirige alors vers le poteau de corner et effectue avec ses mains un signe rappelant celui des « Loups gris », un groupe ultranationaliste turc d’extrême droite. Un geste qu’il reproduira quelques minutes plus tard après avoir inscrit un doublé.
Rapidement, la polémique enfle, notamment en Allemagne. La ministre de l’Intérieur allemande, Nancy Faeser, monte au créneau :
« Le symbole des extrémistes de droite turcs n’a rien à faire dans nos stades »
– Nancy Faeser, ministre allemande de l’Intérieur
S’ensuit un véritable bras de fer diplomatique entre les deux pays. L’ambassadeur de Turquie est convoqué à Berlin, pendant que celui d’Allemagne est sommé de s’expliquer à Ankara.
La défense de Merih Demiral
Face au tollé, le principal intéressé se défend. Sur les réseaux sociaux, il explique que sa célébration était liée à son « identité turque » et qu’il voulait simplement « montrer à quel point il était heureux et fier ». Il réfute toute référence à un groupe précis. Une justification qui ne convainc pas grand monde, tant le geste rappelle celui utilisé par les « Loups gris », une organisation paramilitaire turque classée à l’extrême droite, connue pour son ultranationalisme et ses positions anti-Kurdes, anti-Arméniens ou encore homophobes.
La sanction de l’UEFA
Après avoir ouvert une enquête pour « comportement inapproprié potentiel », l’UEFA a donc décidé de sanctionner Merih Demiral de deux matchs de suspension. Une peine relativement clémente au regard du contexte, mais qui prive tout de même la Turquie de l’un de ses meilleurs défenseurs pour son quart de finale crucial face aux Pays-Bas samedi, et une éventuelle demi-finale.
Cette affaire révèle une fois encore les tensions qui peuvent exister entre sport et politique, notamment dans un contexte de compétition internationale comme l’Euro. Elle illustre aussi la vigilance des instances comme l’UEFA face à toute forme d’expression politique ou idéologique dans les stades, dans un souci de neutralité et d’apaisement. Enfin, elle met en lumière les relations parfois compliquées entre certains pays européens et la Turquie du président Erdogan, régulièrement accusé de dérive autoritaire.
Et maintenant ?
À l’heure où nous écrivons ces lignes, la Turquie s’apprête à défier les Pays-Bas en quarts de finale, avec l’espoir de se qualifier pour le dernier carré de l’Euro. Un match sous haute tension, d’autant que le président Erdogan a annoncé qu’il serait présent dans les tribunes à Berlin.
Une chose est sûre : tous les regards seront braqués sur les joueurs turcs et leurs éventuelles célébrations en cas de but. L’UEFA, elle, aura certainement à cœur de faire respecter ses règles et ses valeurs, pour que le football reste une fête et ne soit pas entaché par des polémiques extrasportives. Espérons que le spectacle et l’esprit sportif l’emporteront, et que cette affaire Demiral ne restera qu’un épiphénomène dans ce qui s’annonce comme un passionnant Euro 2024.