Hwang Ui-jo, attaquant de l’équipe nationale sud-coréenne, vient d’être condamné par un tribunal de Séoul à une peine de prison avec sursis pour avoir filmé clandestinement des relations sexuelles sans le consentement de ses partenaires. Cette affaire de « molka », le nom donné en Corée du Sud aux vidéos de caméras cachées au contenu sexuel, entache la réputation du joueur de 32 ans qui évolue actuellement au club turc d’Alanyaspor après des passages à Bordeaux et Nottingham Forest.
Une belle-soeur condamnée pour chantage
Le scandale a éclaté en juin 2023 quand la belle-soeur de Hwang a publié sur internet des vidéos explicites du joueur, dans le but de lui extorquer de l’argent. Ces enregistrements avaient été réalisés environ un an plus tôt. Selon des sources proches, la belle-soeur a été condamnée à trois ans de prison ferme pour chantage.
Hwang, qui risquait jusqu’à quatre ans de détention, a finalement écopé d’une peine avec sursis après avoir plaidé coupable et présenté ses excuses aux victimes. Le tribunal a tenu compte de ses remords ainsi que du fait qu’il n’avait pas lui-même diffusé les vidéos. Seules les charges contre l’une des deux victimes identifiées ont été retenues.
Le fléau des « molka »
Les vidéos « molka » sont un véritable fléau en Corée du Sud. Elles sont le plus souvent réalisées par des hommes filmant des femmes à leur insu dans des lieux publics comme les toilettes. Mais le terme englobe aussi les enregistrements clandestins de rapports sexuels consentis, comme dans le cas de Hwang Ui-jo.
Au regard de la gravité du préjudice social causé, une peine sévère s’impose.
– Déclaration du juge Lee Yong-jee lors du verdict
Malgré la sanction judiciaire, le mal est fait pour la victime qui a vu son intimité dévoilée au grand jour. Et la réputation du footballeur est durablement entachée par cette affaire sordide.
Une carrière internationale perturbée
Hwang Ui-jo compte 62 sélections en équipe nationale sud-coréenne, pour laquelle il a inscrit 19 buts. Mais depuis que le scandale a éclaté en novembre dernier, il est suspendu de la sélection. Son avenir international est désormais en suspens.
Après des expériences en France à Bordeaux puis en Angleterre à Nottingham Forest, il s’est exilé en Turquie à Alanyaspor. Mais nul doute que cette condamnation, même avec sursis, va peser lourd dans la suite de sa carrière. Les clubs seront sans doute moins enclins à s’attacher les services d’un joueur au passé sulfureux.
La nécessité d’une prise de conscience
Au-delà du cas individuel de Hwang Ui-jo, cette affaire met en lumière l’ampleur du phénomène des « molka » en Corée du Sud. Selon des sources gouvernementales, le nombre de cas signalés a bondi ces dernières années :
- 6 800 cas en 2018
- 8 500 cas en 2019
- 10 700 cas en 2022
Face à ce fléau, les autorités sud-coréennes ont durci la législation. Depuis 2020, les auteurs de « molka » risquent jusqu’à 5 ans de prison et 50 millions de wons d’amende (environ 37 000 €). Mais au-delà de la répression, c’est un changement profond des mentalités qui est nécessaire pour endiguer ce phénomène. Les hommes doivent comprendre que filmer une femme ou une relation intime sans consentement est un délit grave, pas un jeu.
Le monde du sport, en Corée comme ailleurs, n’est pas épargné par ces dérives. L’affaire Hwang Ui-jo doit servir de prise de conscience. Les sportifs, souvent érigés en modèles, ont un devoir d’exemplarité. Il est temps qu’ils montrent la voie d’un plus grand respect des femmes et de l’intimité de chacun.
