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Fonds Norvégien Vend Ses Parts Israéliennes

Le fonds norvégien se retire de 11 entreprises israéliennes en pleine guerre à Gaza. Une décision éthique face à une crise humanitaire. Quelles conséquences ?

Imaginez un fonds de près de 2 000 milliards de dollars, l’un des plus puissants au monde, prenant une décision radicale en pleine crise internationale. C’est exactement ce que vient de faire le fonds souverain norvégien, en annonçant la vente de ses parts dans 11 entreprises israéliennes. Cette décision, motivée par des préoccupations éthiques liées à la guerre à Gaza, soulève des questions cruciales sur la responsabilité des investisseurs dans les conflits mondiaux. Pourquoi ce choix soudain, et quelles en sont les implications ?

Un Fonds Souverain Face à une Crise Humanitaire

Le fonds souverain de Norvège, souvent appelé fonds pétrolier en raison de ses origines liées aux revenus pétroliers et gaziers, est un géant financier. Avec des actifs avoisinant les 1 900 milliards de dollars, il détient des participations dans plus de 8 600 entreprises à travers le globe. Mais récemment, ce mastodonte a fait les gros titres en décidant de se désengager de certaines entreprises israéliennes, une démarche qui ne passe pas inaperçue dans le contexte géopolitique actuel.

La raison principale ? Une crise humanitaire sans précédent à Gaza, exacerbée par l’offensive militaire israélienne. Cette situation a poussé le fonds à réévaluer ses investissements, notamment après la révélation de sa participation dans une société fabriquant des pièces pour des avions de chasse utilisés dans le conflit. Une telle découverte a déclenché une réflexion profonde sur l’éthique des investissements dans un pays en guerre.

Une Décision Éthique en Réponse à la Guerre

Le chef du fonds, Nicolai Tangen, n’a pas mâché ses mots. Dans une déclaration officielle, il a souligné que cette décision répondait à des « circonstances extraordinaires ». La détérioration des conditions en Cisjordanie et à Gaza a conduit le fonds à agir rapidement pour aligner ses investissements sur des principes éthiques stricts.

« La situation à Gaza constitue une grave crise humanitaire. Nous sommes investis dans des entreprises opérant dans un pays en guerre, et les conditions se sont récemment aggravées. »

Nicolai Tangen, chef du fonds souverain norvégien

Cette démarche n’est pas isolée. Depuis 2020, le fonds a engagé des discussions avec plus de 60 entreprises impliquées dans des conflits, dont 39 spécifiquement liées à la Cisjordanie et à Gaza. Ces échanges visent à garantir que les investissements respectent les lignes directrices éthiques du fonds, qui interdisent toute contribution à des violations du droit international.

Un Désinvestissement Ciblé et Structuré

Le fonds a décidé de céder ses parts dans 11 entreprises israéliennes qui ne figurent pas dans son indice de référence, un outil utilisé pour évaluer ses performances économiques. Cette décision, prise par la Norges Bank Investment Management, vise à simplifier la gestion de son portefeuille tout en réduisant son exposition à des entreprises potentiellement controversées.

Pourquoi ce choix ? Les entreprises hors indice sont souvent plus difficiles à surveiller, ce qui complique l’évaluation de leur conformité éthique. En limitant ses investissements aux sociétés de l’indice, le fonds réduit les risques liés à des activités controversées.

À l’avenir, tous les investissements en Israël seront strictement limités aux entreprises de cet indice, et la gestion externe de ces actifs sera rapatriée en interne pour un contrôle renforcé. Cette réorganisation reflète une volonté de transparence et de responsabilité accrue.

Une Réaction Rapide des Autorités Norvégiennes

Le Premier ministre norvégien, Jonas Gahr Store, a salué la rapidité de la réponse du fonds. Il a rappelé que les directives éthiques du fonds l’obligent à éviter tout investissement dans des entreprises impliquées dans des violations du droit international, notamment dans le cadre de la guerre à Gaza ou de l’occupation de la Cisjordanie.

« Le fonds ne doit pas posséder de parts dans des entreprises qui contribuent à la guerre ou à l’occupation. »

Jonas Gahr Store, Premier ministre norvégien

Le ministère des Finances a également joué un rôle clé en demandant à la banque centrale de revoir ses investissements en Israël. Une date butoir a été fixée au 20 août pour présenter des mesures concrètes, démontrant l’urgence de la situation.

Un Contexte de Surveillance Accrue

Le fonds n’en est pas à sa première initiative éthique. Depuis plusieurs années, il accorde une attention particulière aux entreprises liées à des conflits armés. Cette vigilance s’est intensifiée à l’automne 2024, avec des ventes d’actifs dans plusieurs groupes israéliens jugés incompatibles avec ses principes.

  • Depuis 2020, plus de 60 entreprises contactées pour des questions éthiques.
  • 39 dialogues spécifiquement liés à la Cisjordanie et Gaza.
  • Vente d’actifs dans plusieurs groupes israéliens en 2024.

En parallèle, un autre acteur norvégien, le fonds de pension KLP, a également pris des mesures similaires en excluant une entreprise israélienne fournissant des composants pour des drones militaires utilisés à Gaza. Cette convergence d’actions montre une prise de conscience croissante des enjeux éthiques dans les investissements.

Les Implications d’une Telle Décision

Ce désinvestissement n’est pas seulement une décision financière ; il envoie un signal fort au niveau international. En se retirant d’entreprises liées à des activités controversées, le fonds norvégien pose la question de la responsabilité des investisseurs dans les conflits mondiaux. Cette démarche pourrait inciter d’autres fonds à revoir leurs propres portefeuilles.

Aspect Impact
Éthique Renforce l’alignement avec le droit international.
Financier Réduit l’exposition à des actifs risqués.
Réputation Renforce l’image de responsabilité du fonds.

Sur le plan économique, limiter les investissements aux entreprises de l’indice de référence pourrait réduire la diversité du portefeuille, mais cela garantit une meilleure traçabilité et un contrôle accru. À long terme, cette stratégie pourrait devenir un modèle pour d’autres fonds souverains confrontés à des dilemmes similaires.

Un Précédent pour l’Investissement Éthique

Le fonds norvégien n’est pas un pionnier isolé. De nombreux investisseurs institutionnels, sous la pression de l’opinion publique, commencent à intégrer des critères éthiques dans leurs décisions. Ce mouvement reflète une prise de conscience croissante : l’argent investi peut avoir un impact direct sur les conflits et les crises humanitaires.

En Norvège, cette décision s’inscrit dans une tradition d’engagement pour les droits humains. Le pays, connu pour son rôle dans les négociations de paix internationales, applique désormais cette philosophie à ses investissements. Mais jusqu’où ce modèle peut-il être reproduit ?

Et Après ?

La décision du fonds norvégien marque un tournant. Elle montre que même les géants financiers ne peuvent ignorer les implications éthiques de leurs choix. Alors que la crise à Gaza continue de susciter des débats, d’autres institutions pourraient emboîter le pas, redéfinissant ainsi les normes de l’investissement responsable.

Pour l’instant, le fonds s’engage à finaliser ses désinvestissements d’ici le 20 août et à renforcer la surveillance de ses actifs restants en Israël. Cette démarche pourrait non seulement influencer d’autres fonds souverains, mais aussi redessiner les contours de l’investissement éthique à l’échelle mondiale.

Et si l’éthique devenait le nouveau moteur de la finance mondiale ?

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