Aux États-Unis, un groupe de pression conservateur sème la controverse en publiant une liste de hauts fonctionnaires fédéraux qualifiés de “subversifs”, accusés d’être prêts à saboter les mesures anti-immigration du gouvernement de Donald Trump. Cette initiative sans précédent, qui réclame ouvertement le limogeage de ces agents de l’État, met en lumière les tensions politiques croissantes autour de la question brûlante de l’immigration.
Une liste noire de fonctionnaires “subversifs”
Le groupe à l’origine de cette démarche, financé par la Heritage Foundation, un influent think tank conservateur, a mis en ligne une liste baptisée “DHS Bureaucrat Watch List”. Celle-ci recense déjà une soixantaine d’individus, pour la plupart employés du département de la Sécurité intérieure (DHS), accusés de vouloir entraver la politique migratoire restrictive voulue par l’administration Trump.
Pour chaque personne figurant sur cette liste, le site publie une fiche détaillée comprenant photo, CV, situation financière (des informations publiques aux États-Unis)… Une véritable mise au pilori visant à faire pression pour leur éviction de la fonction publique. Les individus ciblés auraient été identifiés en examinant leurs dons à des candidats politiques ou leurs commentaires sur les réseaux sociaux, selon les explications du fondateur du groupe.
Un climat de “chasse aux sorcières”
Cette initiative est loin de faire l’unanimité, y compris dans les rangs républicains. De nombreuses voix s’élèvent pour dénoncer une démarche relevant de la “chasse aux sorcières”, instillant un climat de suspicion généralisée au sein de l’administration. Des critiques fustigent une atteinte à la liberté d’expression des fonctionnaires et une volonté d’imposer un contrôle idéologique sur une fonction publique qui se doit d’appliquer les politiques du gouvernement, quelles que soient les convictions personnelles de ses agents.
C’est une attaque dangereuse contre des serviteurs de l’État qui font simplement leur travail en appliquant la loi. Cela crée une atmosphère de peur et de paranoïa totalement contre-productive.
Un haut responsable du DHS sous couvert d’anonymat
Des tensions exacerbées sur l’immigration
Cette polémique intervient dans un contexte de crispation politique extrême autour de la question de l’immigration aux États-Unis. Depuis son arrivée au pouvoir, Donald Trump a fait de la lutte contre l’immigration illégale un marqueur de sa présidence, multipliant les mesures controversées comme le “Muslim Ban”, le mur à la frontière mexicaine ou les séparations de familles de migrants.
Mais le président a souvent pointé du doigt la résistance de la “bureaucratie” ou des juges face à sa politique restrictive. Ses partisans les plus radicaux y voient un “État profond” à l’œuvre pour saboter la volonté populaire. Une rhétorique complotiste reprise et amplifiée par certains médias et groupes d’influence conservateurs.
Vers une purge idéologique dans la fonction publique ?
Au-delà de la question migratoire, c’est le spectre d’une purge politique au sein de la fonction publique américaine qui inquiète certains observateurs. La publication de listes de personnes à écarter en raison de leur supposée déloyauté fait resurgir le souvenir de heures sombres de l’histoire américaine, comme la “chasse aux rouges” du maccarthysme dans les années 1950.
C’est un précédent très préoccupant. Aujourd’hui ils ciblent des fonctionnaires qui ne seraient pas assez durs sur l’immigration à leur goût, mais demain qui sera visé ? Tous ceux qui dans l’administration ne suivent pas aveuglément la ligne du parti au pouvoir ?
Une haute fonctionnaire du Département d’État sous couvert d’anonymat
Pour l’heure, il est difficile de savoir quel sera l’impact concret de cette liste de fonctionnaires “subversifs”. Mais sa seule publication contribue à attiser les tensions et la défiance au sein d’une administration américaine déjà fortement polarisée. Entre chasse aux “saboteurs” et résistance de la “bureaucratie”, le débat sur l’immigration s’enfonce dans une nouvelle escalade aux États-Unis.