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Fonctionnaires Inquiets : Durcissement des Règles d’Arrêts Maladie

Le gouvernement met les fonctionnaires sous pression en annonçant un durcissement des règles des arrêts maladie. Entre économies et inquiétudes, les réactions sont vives. Découvrez les enjeux de cette réforme qui fait polémique...

Dans le cadre du débat sur le budget de la Sécurité sociale à l’Assemblée Nationale, une annonce du gouvernement suscite l’inquiétude parmi les fonctionnaires. En effet, l’exécutif a décidé de s’attaquer à un sujet sensible : l’absentéisme dans la fonction publique. Pour économiser 1,2 milliard d’euros en 2025, les règles des arrêts maladie pourraient être durcies, provoquant de vives réactions.

Un alignement controversé avec le secteur privé

Actuellement, les fonctionnaires bénéficient de conditions plus avantageuses que les salariés du privé en cas d’arrêt maladie. Ils n’ont qu’une seule journée de carence non rémunérée, contre trois dans le privé, et leur salaire est maintenu à 100%, là où il est généralement de 90% dans le secteur privé. Le gouvernement souhaite supprimer ces avantages, au nom de l’équité et des économies budgétaires.

Le travail est pour tout le monde pareil, que ce soit dans le public ou dans le privé. On se lève, on va travailler, on rentre chez soi. C’est juste une question d’équité.

– Un passant interrogé par TF1

Cependant, cette mesure est loin de faire l’unanimité. Les syndicats de la fonction publique dénoncent une réforme injuste, arguant que les salariés du privé peuvent bénéficier de compensations via leurs conventions collectives ou leurs mutuelles, ce qui est interdit dans le public.

Des conséquences pour les collectivités locales

Au niveau des collectivités territoriales, chaque arrêt maladie complique le quotidien. Les petites structures peinent à remplacer les agents absents, obligeant parfois les élus à mettre la main à la pâte. Anne-Marie Barbier, maire d’un village du Pas-de-Calais, témoigne :

Quand c’est un petit arrêt de 2-3 jours, on ne remplace pas. On essaie de faire avec les personnes qui sont là. Alors, quelquefois, c’est moi qui vais donner un petit coup de main à la cantine, ou alors une secrétaire sur les deux qui va donner un coup de main.

– Anne-Marie Barbier, maire de Bucquoy (Pas-de-Calais)

Si cette maire espère voir diminuer le nombre d’arrêts, ses employés sont plus circonspects. Joachim, adjoint technique territorial, s’inquiète de cette perte de pouvoir d’achat en cas de maladie :

Question salaire, je gagne beaucoup moins qu’avant dans le privé. Donc, 3 jours de carence, il faut compter à peu près 60 euros la journée en moins. Donc, ça fait déjà 180 euros, plus 90% de notre salaire. Ça va faire une belle perte sur un mois de salaire.

– Joachim Cordelois, adjoint technique territorial

Un effet dissuasif attendu

En 2022, les fonctionnaires étaient absents en moyenne 14,5 jours par an, contre 11,6 dans le secteur privé. Le gouvernement mise sur cet alignement des règles pour avoir un effet dissuasif et réduire l’absentéisme. Toutefois, les syndicats craignent que cette mesure ne pénalise les agents malades et ne prenne pas en compte les spécificités de certains métiers de la fonction publique, plus exposés à des risques pour leur santé.

Le débat promet d’être animé à l’Assemblée Nationale, alors que le gouvernement cherche à maîtriser les dépenses publiques et à réformer l’État. Les fonctionnaires, déjà confrontés à un gel du point d’indice et à des suppressions de postes, voient cette nouvelle mesure comme une attaque supplémentaire contre leur statut et leurs acquis. La question de la santé au travail et de la prévention de l’absentéisme risque également d’être au cœur des discussions.

Vers une fonction publique fragilisée ?

Au-delà de l’enjeu budgétaire, c’est bien le modèle de la fonction publique qui est questionné. Entre la recherche de performance et les impératifs de service public, l’équilibre est parfois difficile à trouver. Le risque est de voir se développer un absentéisme “masqué”, où les agents viendraient travailler malgré leur maladie, par peur de perdre une partie de leur salaire.

Cette réforme des arrêts maladie s’inscrit dans un contexte plus large de transformation de la fonction publique, avec la loi de 2019 qui a introduit plus de flexibilité et de mobilité. Certains y voient une opportunité de moderniser l’administration, quand d’autres craignent une précarisation et une perte de sens. L’enjeu sera de trouver un juste équilibre entre les nécessaires évolutions et la préservation des valeurs et des missions du service public.

Ce durcissement des règles des arrêts maladie pour les fonctionnaires est révélateur des tensions qui traversent aujourd’hui la fonction publique. Entre impératifs budgétaires, exigence d’équité et défense des acquis sociaux, le débat promet d’être intense. Au-delà des économies espérées, c’est bien le sens et l’avenir du service public qui sont en jeu.

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