Comment un pays peut-il conjuguer croissance économique, lutte contre le changement climatique et stabilité financière face à des défis internes et externes ? Le Cameroun, au cœur de l’Afrique centrale, reçoit un coup de pouce significatif avec une nouvelle aide de 148 millions de dollars du Fonds monétaire international (FMI). Ce soutien, annoncé récemment, s’inscrit dans une dynamique plus large visant à renforcer l’économie tout en répondant aux impératifs climatiques et aux besoins de réforme structurelle. Plongeons dans les détails de cette initiative et explorons ses implications pour le pays, à l’aube d’une période électorale clé.
Un Soutien Financier pour un Avenir Durable
Le Cameroun bénéficie d’un nouveau versement de 148 millions de dollars de la part du FMI, un montant qui s’ajoute aux 956 millions déjà décaissés dans le cadre de plusieurs programmes d’aide. Ces fonds, approuvés par le conseil d’administration du FMI, visent à soutenir la stabilité macroéconomique du pays tout en finançant des initiatives liées à l’adaptation au changement climatique. Ce soutien financier est crucial pour un pays confronté à des défis multiples, allant de la gestion de sa dette à la nécessité de moderniser ses infrastructures énergétiques.
Le programme global du FMI pour le Cameroun prévoit un total de 1,02 milliard de dollars, et ce nouvel apport rapproche le pays de cet objectif. Cependant, ce soutien ne se limite pas à une simple injection de fonds. Il s’accompagne d’exigences précises en matière de réformes économiques et de gouvernance, destinées à garantir une gestion durable des finances publiques et à stimuler la croissance à long terme.
Une Économie Résiliente Malgré les Chocs
Le FMI salue les efforts du Cameroun pour maintenir une certaine stabilité économique malgré des défis internes, comme les tensions politiques, et externes, comme les fluctuations des prix des matières premières. Selon Nigel Clarke, directeur général adjoint du FMI, les autorités camerounaises ont su préserver un cadre macroéconomique stable. Cette résilience est d’autant plus remarquable que le pays a traversé une période d’inflation élevée en 2022 et 2023, marquée par des hausses de prix mondiales.
“Les autorités ont maintenu avec succès la stabilité macroéconomique malgré les chocs internes et externes.”
Nigel Clarke, Directeur général adjoint du FMI
Pour 2025, le FMI anticipe une inflation modérée de 3,4 %, un chiffre qui devrait continuer à diminuer pour se rapprocher des 2 % dans les années à venir. Cette baisse progressive des prix est un signe encourageant pour les ménages camerounais, qui ont souffert de l’augmentation du coût de la vie ces dernières années.
Une Croissance Économique Prometteuse
En parallèle, l’économie camerounaise affiche des perspectives positives. Le FMI prévoit une croissance de 3,6 % pour 2025, avec une accélération attendue à environ 4,5 % en moyenne dans les années suivantes. Cette dynamique repose sur plusieurs facteurs : une meilleure gestion des ressources, des réformes structurelles, et un effort pour stimuler le secteur privé. Cependant, pour que cette croissance soit durable, le pays devra relever plusieurs défis structurels.
Perspectives économiques clés :
- Croissance prévue : 3,6 % en 2025, jusqu’à 4,5 % à moyen terme.
- Inflation : 3,4 % en 2025, en baisse vers 2 % à long terme.
- Objectif : Stimuler le secteur privé et réduire les passifs publics.
Les Défis de la Dette et des Réformes
Le FMI met en garde contre le risque d’une crise de la dette. Bien que des progrès aient été réalisés pour réduire le poids de la dette, la situation reste préoccupante. Nigel Clarke insiste sur l’importance de poursuivre la consolidation budgétaire au-delà des programmes actuels pour garantir la viabilité financière à long terme. Cela implique des réformes ambitieuses, notamment dans le secteur énergétique.
Le secteur du raffinage pétrolier, par exemple, nécessite une restructuration urgente. De même, le secteur de l’électricité doit être modernisé pour répondre aux besoins croissants du pays tout en réduisant les pertes financières des entreprises publiques. Le FMI recommande également de renforcer la gouvernance des entreprises publiques pour limiter les risques financiers.
Un Contexte Électoral Chargé
Le Cameroun entre dans une période électorale cruciale, avec l’élection présidentielle prévue pour le 12 octobre 2025. Dix-huit candidats, dont le président sortant Paul Biya, âgé de 92 ans, sont en lice. Parmi eux, des figures comme Maurice Kamto, un opposant de longue date, et Onana Léon Theiler, un dissident du parti au pouvoir, promettent une compétition intense. La liste définitive des candidats sera dévoilée début août, mais l’enjeu est clair : les résultats de cette élection pourraient influencer la mise en œuvre des réformes exigées par le FMI.
Dans ce contexte, la capacité du gouvernement à maintenir la confiance des partenaires internationaux, tout en répondant aux attentes de la population, sera déterminante. Les réformes économiques et climatiques, bien que nécessaires, pourraient susciter des tensions sociales si elles ne sont pas accompagnées d’une communication claire et inclusive.
Lutter Contre le Changement Climatique
Une partie des fonds alloués par le FMI est dédiée à l’adaptation au changement climatique. Le Cameroun, comme de nombreux pays africains, est particulièrement vulnerables aux impacts des dérèglements climatiques, tels que les inondations ou les sécheresses. Ces fonds permettront de financer des projets visant à renforcer la résilience des infrastructures et à promouvoir des pratiques agricoles durables.
Cette priorité climatique s’inscrit dans une logique mondiale de transition énergétique. Le Cameroun pourrait tirer parti de ces investissements pour développer des énergies renouvelables, comme l’énergie solaire ou éolienne, et réduire sa dépendance aux combustibles fossiles. Cependant, la mise en œuvre de ces projets nécessitera une coordination efficace et une transparence dans l’utilisation des fonds.
Renforcer le Secteur Privé et la Gouvernance
Pour stimuler une croissance tirée par le secteur privé, le FMI recommande des réformes dans le secteur financier et une lutte renforcée contre le blanchiment d’argent. Ces mesures visent à créer un environnement plus attractif pour les investisseurs, tout en garantissant une gestion transparente des ressources publiques. Les entreprises privées, en particulier dans les secteurs de la technologie et de l’agriculture, pourraient jouer un rôle clé dans la diversification de l’économie camerounaise.
Secteur | Réformes attendues |
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Énergie | Restructuration du raffinage pétrolier et modernisation de l’électricité. |
Gouvernance | Renforcement de la transparence des entreprises publiques. |
Secteur financier | Lutte contre le blanchiment d’argent et attractivité pour les investisseurs. |
Un Équilibre Délicat à Trouver
Le Cameroun se trouve à un tournant. Entre les exigences du FMI, les défis climatiques, et les tensions électorales, le pays doit naviguer avec prudence pour transformer ces opportunités en résultats concrets. Les fonds injectés par le FMI offrent une bouffée d’oxygène, mais leur efficacité dépendra de la capacité des autorités à mettre en œuvre des réformes ambitieuses tout en préservant la cohésion sociale.
En conclusion, cette aide de 148 millions de dollars marque une étape importante pour le Cameroun, mais elle s’accompagne d’un appel clair à l’action. Les mois à venir, marqués par l’élection présidentielle et les réformes en cours, seront déterminants pour l’avenir économique et écologique du pays. Restera-t-il sur la voie de la stabilité, ou les défis politiques et structurels prendront-ils le dessus ? L’avenir nous le dira.