La France traverse une période particulièrement délicate sur le plan politique et économique. L’agence de notation Fitch vient de tirer la sonnette d’alarme sur les conséquences potentiellement désastreuses de la situation actuelle sur la politique budgétaire du pays. Dans un communiqué publié vendredi, l’agence a souligné à quel point le paysage politique français, très fragmenté, peut paralyser la mise en œuvre de mesures budgétaires pourtant cruciales.
Un paysage politique morcelé qui inquiète
Le renversement du gouvernement de Michel Barnier mercredi dernier a mis en lumière la fragilité de l’équilibre politique en France. Avec une Assemblée nationale très divisée, il devient extrêmement difficile de trouver des compromis sur des sujets aussi sensibles que la consolidation budgétaire. Fitch estime d’ailleurs qu’il est peu probable que la France atteigne l’objectif de déficit de 5% du PIB initialement présenté par l’ancien Premier ministre.
Cette crise politique menace directement le plan de redressement des finances publiques à moyen terme et le respect des règles budgétaires européennes. Avec un déficit qui devrait dépasser les 6% du PIB cette année, la France affiche déjà la pire performance des 27 pays de l’Union, très loin du plafond des 3% autorisé par Bruxelles.
La note de la France maintenue mais sous surveillance
Malgré ces signaux très préoccupants, Fitch a décidé de maintenir pour l’instant la note « AA- » de la France, tout en la plaçant sous perspective négative depuis octobre dernier. Cette décision avait été motivée par la dégradation des paramètres budgétaires du pays et les risques accrus liés à la politique budgétaire.
L’agence n’exclut donc pas une possible dégradation de la note souveraine française dans les mois à venir si la situation ne s’améliore pas. Une telle décision aurait des conséquences très concrètes en renchérissant encore le coût de la dette publique sur les marchés financiers.
Le spectre d’un blocage durable
Pour tenter de sortir de l’ornière, le Président Emmanuel Macron a annoncé le dépôt d’une loi de finances spéciale avant la mi-décembre. Il mise sur cet outil législatif rarement utilisé pour permettre à l’État de continuer à fonctionner malgré l’absence de Budget voté.
Mais là encore, Fitch se montre très prudente en jugeant que les partis politiques risquent d’exploiter ce processus à des fins politiques. La fragmentation de l’Assemblée rend très hypothétique l’adoption de mesures de consolidation budgétaire pourtant indispensables.
Des projections de croissance revues à la baisse
Conséquence directe de ce climat délétère, l’agence de notation a révisé à la baisse ses prévisions de croissance pour la France. Elle table désormais sur une progression du PIB limitée à 0,9% en 2025 contre 1,2% anticipé précédemment.
Dans le même temps, Fitch s’attend désormais à une nouvelle hausse de la dette publique française qui devrait atteindre 118,5% du PIB à horizon 2028. Un niveau inédit qui illustre l’ampleur du défi budgétaire auquel le pays est confronté.
La France doit agir vite
À court terme, la France ne devrait pas être confrontée à des difficultés majeures pour se refinancer sur les marchés. Mais Fitch souligne qu’une hausse durable des coûts d’emprunt compliquerait encore un peu plus la tâche déjà immense de l’assainissement des finances publiques.
Pour éviter ce scénario noir, il est urgent que la classe politique prenne la mesure de la situation et mette de côté ses intérêts partisans. L’avenir économique et social du pays est aujourd’hui directement menacé par cette crise politique sans précédent sous la Ve République. Espérons que le sursaut arrive avant qu’il ne soit trop tard.