Imaginez : vous investissez vos économies dans une plateforme qui promet 30 % de rendement mensuel grâce à la magie des cryptomonnaies. Tout semble parfait… jusqu’au jour où tout s’effondre et que vos millions se sont volatilisés. C’est exactement ce qu’ont vécu des dizaines de milliers de personnes avec Finiko, la plus grosse arnaque pyramidale crypto qu’ait connue la Russie ces dernières années.
Et voilà que, ce 10 décembre 2025, un rebondissement majeur vient secouer cette affaire tentaculaire : les Émirats Arabes Unis viennent d’extrader l’un des fondateurs de Finiko vers la Russie. L’homme a été remis aux autorités russes directement sur le tarmac de l’aéroport de Dubaï. Un moment digne d’un thriller hollywoodien.
Finiko : retour sur la plus grande escroquerie crypto russe
L’histoire commence en 2018 à Kazan, en Tatarstan. Quatre amis – Kirill Doronine, Zygmunt Zygmuntovich, Marat Sabirov et Edvard Sabirov – lancent Finiko en promettant des rendements irréalistes : jusqu’à 1 % par jour, soit plus de 360 % par an. Le principe ? Vous déposez vos cryptos ou votre argent fiat, Finiko « trade » pour vous et vous récupérez des profits astronomiques chaque mois.
En réalité, aucun trading n’a jamais existé. C’était un schéma de Ponzi classique : les nouveaux entrants payaient les intérêts des anciens. Pendant près de trois ans, le système a fonctionné à merveille, attirant plus de 800 000 investisseurs, principalement dans l’espace post-soviétique, mais aussi en Europe et jusqu’en Asie.
Quand la machine s’est grippée en juillet 2021, le choc a été brutal. Finiko a purement et simplement cessé de payer. Bilan estimé : entre 80 et 95 millions de dollars de pertes pour les victimes. Certaines personnes y ont laissé leur appartement, leurs économies de toute une vie.
Qui est l’homme extradé ce 10 décembre 2025 ?
Le communiqué du ministère russe de l’Intérieur reste étrangement flou. Irina Volk, porte-parole du MVD, parle d’« un des organisateurs d’un groupe criminel ayant commis une fraude à grande échelle ». Aucun nom n’est donné officiellement.
Mais selon plusieurs sources concordantes au sein de la communauté des victimes, il s’agirait très probablement de Kirill Doronine, considéré comme le véritable cerveau idéologique de Finiko. Doronine avait disparu des radars depuis 2021 et vivait discrètement à Dubaï sous une fausse identité.
« On attendait ce moment depuis quatre ans. Voir enfin l’un des principaux responsables menotté, c’est une première victoire. »
Un membre du groupe Telegram des victimes Finiko (plus de 12 000 personnes)
Pourquoi les Émirats ont-ils fini par coopérer ?
Longtemps, Dubaï a été perçue comme un refuge doré pour les fraudeurs crypto du monde entier. Villas de luxe, Lamborghini, aucune extradition… l’image était tenace.
Mais depuis 2023, la pression internationale a changé la donne. Les États-Unis, l’Union européenne et même la Russie ont multiplié les demandes d’entraide judiciaire. Les Émirats, qui veulent nettoyer leur image et attirer les institutions financières sérieuses, ont durci le ton.
Edvard Sabirov, autre cofondateur, avait déjà été arrêté à Dubaï en 2022 par Interpol. Cette nouvelle extradition montre que la page du « Dubaï paradise pour escrocs » est en train de se tourner.
Que risque le suspect en Russie ?
En Russie, l’organisation d’un schéma pyramidal à grande échelle est passible de 10 à 15 ans de prison ferme (article 159.3 du Code pénal). Avec l’ampleur des dégâts, les juges pourraient aller jusqu’au maximum, voire plus en cas de circonstances aggravantes.
Les victimes espèrent surtout des restitutions. Problème : la majeure partie des fonds a été blanchie via des mixers, convertie en immobilier à Dubaï ou tout simplement dépensée en train de vie fastueux. Récupérer ne serait-ce que 10 % relèverait déjà du miracle.
Chiffres clés de l’affaire Finiko
- Période active : Décembre 2018 → Juillet 2021
- Nombre de victimes estimé : 800 000+
- Montant total des dépôts : ~700 millions de dollars
- Pertes nettes : 80 à 95 millions de dollars
- Rendement promis : Jusqu’à 30 % par mois
- Personnes recherchées encore en fuite : Au moins 2 cofondateurs
Les leçons à tirer de l’affaire Finiko
Cette affaire illustre parfaitement pourquoi les promesses de rendements garantis et élevés dans la crypto doivent toujours alerter. Quand quelqu’un vous promet la lune sans risque, c’est presque toujours trop beau pour être vrai.
Finiko a aussi montré la puissance des réseaux sociaux et du marketing d’influence. Des dizaines de blogueurs et « leaders d’opinion » russes ont promu la plateforme contre rémunération, contribuant à attirer toujours plus de victimes.
Aujourd’hui, de nombreux investisseurs ruinés se battent encore pour faire reconnaître leur statut de victime et tenter de récupérer quelques miettes. Des groupes Telegram très actifs coordonnent les plaintes collectives et partagent les avancées judiciaires presque en temps réel.
Vers une fin de l’impunité pour les fraudeurs crypto ?
Cette extradition est un signal fort symbole. Elle montre que même les destinations autrefois considérées comme des sanctuaires commencent à coopérer face à la pression internationale.
Pour les victimes de Finiko, c’est surtout un immense soulagement. Même si l’argent a peu de chances de revenir, voir les responsables rendre des comptes a une valeur inestimable.
L’histoire n’est pas terminée. D’autres cofondateurs courent toujours. Et dans le monde de la crypto, de nouvelles arnaques naissent chaque jour après jour. Mais chaque extradition, chaque condamnation, rappelle une chose essentielle : tôt ou tard, la justice finit souvent par rattraper ceux qui ont cru pouvoir jouer impunément avec l’argent des autres.
Affaire à suivre donc. Très étroitement.
