Depuis des mois, elles suscitaient la polémique. Mais ce mercredi, les autorités britanniques ont confirmé l’abandon définitif du projet des barges flottantes controversées destinées à héberger des centaines de demandeurs d’asile. Un revirement spectaculaire qui marque un changement de cap dans la politique migratoire du pays.
La fin d’un symbole controversé
Amarrée depuis août 2023 dans le port de Portland, la barge « Bibby Stockholm » était devenue le triste symbole de la crise migratoire au Royaume-Uni. Qualifiée de « prison flottante » par ses détracteurs, elle avait été affrétée par le gouvernement conservateur de l’époque pour loger jusqu’à 500 demandeurs d’asile dans des conditions spartiates.
Mais suite à l’arrivée au pouvoir des travaillistes en juillet dernier, la donne a changé. Le nouveau gouvernement a décidé de ne pas renouveler le contrat de location de la barge, qui arrivait à échéance en janvier. D’après le Conseil du Dorset, le dernier groupe de migrants a quitté le navire mardi.
Un projet coûteux et dangereux
Au-delà des conditions d’accueil déplorables, c’est aussi le coût faramineux de ce projet qui a fait bondir. Selon des estimations gouvernementales, poursuivre l’utilisation de la barge aurait coûté plus de 20 millions de livres sterling (près de 24 millions d’euros) pour la seule année à venir.
Des associations ont également pointé du doigt les risques sécuritaires. En décembre dernier, un demandeur d’asile albanais est mort dans des circonstances troubles à bord de la Bibby Stockholm. Certaines ONG évoquent un possible suicide, conséquence directe des conditions de vie dégradantes imposées aux migrants.
Vers une nouvelle politique migratoire ?
Pour le gouvernement travailliste, cet abandon marque une première étape vers une refonte plus humaine de la politique d’accueil. Les demandeurs d’asile qui vivaient sur la barge controversée ont été relogés dans d’autres structures d’hébergement à terre.
Nous avons tenu notre dernière réunion lundi. Cela fait des mois que nous disons au revoir aux hommes qui étaient logés sur la barge.
– L’association Portland Global Friendship Group
Reste à savoir si cette décision se traduira par un véritable changement de cap sur le long terme. Le Royaume-Uni fait face à un afflux record de migrants, avec des dizaines de milliers de traversées illégales de la Manche chaque année. Un défi colossal qui nécessitera bien plus que la fermeture d’une barge pour être relevé.
Un symbole fort mais des questions en suspens
Si l’abandon de la « prison flottante » de Portland est indéniablement un geste fort, il soulève aussi son lot d’interrogations. Où et comment seront relogés les futurs demandeurs d’asile ? Quels moyens seront déployés pour garantir des conditions d’accueil dignes ? Le gouvernement saura-t-il trouver un juste équilibre entre fermeté et humanité ?
Autant de questions cruciales qui restent pour l’heure sans réponse claire. Une chose est sûre : après des mois de polémique, l’abandon des barges marque un tournant symbolique majeur. Mais le chemin vers une politique migratoire plus juste et efficace s’annonce encore long et semé d’embûches pour le Royaume-Uni.
