C’est un pavé dans la mare que vient de jeter la Chambre régionale des comptes de Provence-Alpes-Côte-d’Azur. Deux rapports publiés début avril dressent un constat sans appel de la situation financière « tendue » de la ville de Nice, deuxième ville la plus endettée de France. Des conclusions qui ont été présentées lundi dernier lors du conseil municipal, suscitant quelques remous.
Un endettement record qui pèse sur les investissements
Premier point d’alerte soulevé par les magistrats financiers : le niveau d’endettement record de la capitale azuréenne. Avec une dette par habitant se classant au deuxième rang des communes de plus de 250 000 habitants, juste derrière Marseille, Nice croule sous le poids de ses emprunts. Une situation qui perdure depuis plusieurs années et impacte directement la capacité d’investissement de la ville :
L’épargne brute dégagée par la section de fonctionnement ne couvre pas entièrement l’annuité en capital de la dette et le financement des investissements repose majoritairement sur le produit des cessions d’immobilisations et sur le recours à l’emprunt.
Rapport de la Chambre régionale des comptes PACA
Concrètement, la ville est contrainte de vendre une partie de son patrimoine immobilier pour équilibrer ses comptes et assumer le remboursement de ses emprunts. Résultat, le niveau d’investissement par habitant reste bien en-deçà de la moyenne des grandes villes, bridant le développement de nouveaux projets.
Des charges de fonctionnement qui s’envolent
Autre point noir relevé par le rapport : l’augmentation continue des dépenses de fonctionnement. Et ce malgré les transferts de compétences à la métropole et les efforts de mutualisation. En 2021, les charges par habitant dépassaient de près de 300€ la moyenne des villes de même strate. Un différentiel important qui grève un peu plus les marges de manœuvre financières.
Un recours massif aux contractuels pointé du doigt
Sur le volet des ressources humaines, c’est l’utilisation importante de personnel vacataire, notamment d’anciens élus, qui a attiré l’attention de la chambre. Une pratique assumée par la mairie qui y voit un moyen de mobiliser des compétences ponctuelles sans alourdir la masse salariale. Mais qui pose question en termes de régularité et de coût à long terme.
L’épineux dossier de l’hôtel des polices
Enfin, les magistrats se sont penchés sur l’ambitieux projet d’hôtel des polices mutualisé, le plus gros investissement du ministère de l’Intérieur sur le quinquennat. Si l’utilité de l’infrastructure n’est pas remise en cause, son montage financier interroge. À ce jour, la ville doit encore trouver près de 85% des 88 millions d’euros nécessaires hors coût du foncier. Un casse-tête budgétaire en perspective.
Entre minimisation et satisfaction, des réactions contrastées
Face à ce réquisitoire comptable, les réponses des élus divergent. L’adjoint aux finances, Philippe Pradal, s’est voulu rassurant, évoquant des « problèmes de réglages » et une « trajectoire d’amélioration » déjà enclenchée. Mais dans les rangs de l’opposition, certains y voient la confirmation d’une gestion dispendieuse et d’un manque d’anticipation. Des critiques récurrentes dont le maire Christian Estrosi devra une nouvelle fois se défaire pour convaincre de la soutenabilité de son « quoi qu’il en coûte » à la niçoise.