Alors que la COP29 à Bakou entre dans ses derniers jours de négociations intenses, un enjeu fondamental cristallise toutes les attentions : le financement climatique. Principal point de friction entre pays développés et en développement, le montant de ce soutien financier crucial pour la transition énergétique et l’adaptation au changement climatique ne sera vraisemblablement dévoilé qu’à la toute fin des pourparlers, a laissé entendre mercredi la ministre française de la Transition écologique.
Un “chemin ambitieux” plutôt qu’un chiffre immédiat
Selon Agnès Pannier-Runacher, l’objectif n’est pas de positionner un chiffre dès maintenant, mais bien de définir “un chemin qui montre une ambition réelle”. La France, bien que non présente physiquement à Bakou suite à des tensions diplomatiques avec l’Azerbaïdjan, reste mobilisée à distance pour faire de cette COP29 un succès.
Les pays en développement, eux, réclament un engagement chiffré clair. Ils ont réaffirmé mercredi leur besoin de 1300 milliards de dollars annuels pour financer leur transition bas-carbone et s’adapter aux impacts déjà inévitables du réchauffement. Face au “silence radio” des pays riches, en particulier de l’Union européenne, l’impatience grandit.
Vers un élargissement des contributeurs
Mais atteindre un tel montant sur la seule base des finances publiques des pays du Nord semble illusoire, souligne-t-on au cabinet de la ministre française. L’enjeu est donc d’élargir la base des contributeurs, en impliquant davantage les banques multilatérales de développement et le secteur privé. Des signes d’ouverture encourageants viennent notamment de la Chine, mais rien n’est encore acquis.
Economiquement, passer de 100 milliards à 1000 milliards est impossible sur la base des donateurs existants.
Une source au cabinet de la ministre de la Transition écologique
D’autres objectifs cruciaux en suspens
Au-delà du chiffre, la France pousse pour obtenir des avancées sur d’autres dossiers clés :
- La réaffirmation d’une sortie progressive des énergies fossiles
- Le financement de l’adaptation au changement climatique
- La prise en compte des questions de genre et de droits humains
Autant de points encore loin de faire consensus, alors qu’un premier projet d’accord est attendu dans la nuit. S’il ne sera “probablement pas le dernier”, ce texte donnera le “sens du chemin restant à parcourir”, indique Agnès Pannier-Runacher, entre optimisme prudent et réalisme.
L’urgence d’un accord ambitieux
Dans ce sprint final des négociations, la pression monte pour parvenir à un “bon” accord. Un accord qui devra non seulement définir un montant à la hauteur des besoins, mais aussi clarifier la répartition des efforts entre acteurs publics et privés, pays riches et émergents.
Car sans un financement climatique adéquat et équitable, c’est tout l’édifice de l’Accord de Paris et nos chances de limiter le réchauffement qui vacillent. Le signal envoyé par la COP29 sera donc décisif pour accélérer la transition bas-carbone à l’échelle mondiale et renforcer la solidarité Nord-Sud face à l’urgence climatique.
Un défi immense, à la mesure des attentes et de l’impatience qui s’expriment à Bakou. Dans ce bras de fer entre ambition et réalisme, entre pays riches et vulnérables, la France assure qu’elle continuera à “pousser” pour un résultat à la hauteur. Réponse dans les prochaines heures, lors de l’épilogue de cette COP29 sous haute tension.