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Fin du transit de gaz russe vers l’Europe via l’Ukraine

L'Europe entre dans une nouvelle ère énergétique alors que le transit de gaz russe via l'Ukraine s'arrête. Quelles seront les répercussions pour les pays dépendants de cet approvisionnement ? Les détails.

Un tournant majeur s’amorce dans l’approvisionnement en gaz de l’Europe. À compter du 1er janvier, plus aucune livraison de gaz russe ne transitera par l’Ukraine, mettant fin à un contrat russo-ukrainien datant de 2019 et impactant directement plusieurs pays d’Europe de l’Est.

Malgré la guerre en Ukraine, la Russie a continué jusqu’à présent de fournir du gaz via le réseau de gazoducs ukrainiens, notamment à la Slovaquie, la Moldavie et la Hongrie. Mais les données publiées par l’opérateur ukrainien GTSOU indiquent désormais des volumes prévus à zéro dès le 1er janvier au matin.

Un impact immédiat sur les prix du gaz en Europe

Cet arrêt des livraisons s’est ressenti directement sur le marché du gaz européen. Le cours a franchi la barre symbolique des 50 euros le mégawattheure le 31 décembre, une première depuis plus d’un an.

Plusieurs facteurs expliquent cette hausse des prix :

  • L’hiver froid qui booste la demande en gaz
  • Une dépendance accrue au gaz naturel liquéfié (GNL), plus cher que le gaz par gazoduc
  • L’arrêt du transit via l’Ukraine qui accentue les tensions sur l’approvisionnement

Cette situation pourrait se répercuter sur les factures de millions de ménages européens dans les mois à venir.

Des pays de l’Est durement touchés

La Hongrie et la Slovaquie se retrouvent en première ligne face à cet arrêt des livraisons de gaz russe via l’Ukraine. Très dépendants de cet approvisionnement, ces pays se sont plaints de voir le robinet coupé au 31 décembre sans réelles alternatives crédibles.

Le Premier ministre slovaque Robert Fico, resté proche de Vladimir Poutine, s’était rendu à Moscou le 22 décembre pour tenter de trouver une solution. Un déplacement qui avait provoqué la colère du président ukrainien Volodymyr Zelensky, accusant Fico de « vouloir aider Poutine ».

L’Europe ne sera désormais plus approvisionnée en gaz russe que par le gazoduc TurkStream, et son prolongement Balkan Stream.

De son côté, la Moldavie va également cesser d’être livrée en gaz russe dès le 1er janvier. Gazprom a annoncé cette décision dans le contexte d’un différend financier avec cette ex-république soviétique qui vient de réélire une présidente pro-européenne.

La fin d’un contrat russo-ukrainien profitable aux deux pays

Signé en 2019 entre Kiev et Moscou, le contrat permettant le transit de gaz russe vers l’Europe via l’Ukraine était resté en vigueur malgré la guerre. Il profitait financièrement aux deux camps :

  • Pour l’Ukraine, des revenus conséquents générés par le transit
  • Pour la Russie, le maintien d’une voie d’exportation clé vers l’Europe

Mais la décision de Kiev de ne pas le renouveler a été déplorée par le Kremlin. Elle amène également son lot d’incertitudes pour les pays européens historiquement importateurs de gaz russe, malgré leurs efforts pour s’en affranchir depuis 2022.

En 2023, le transit de gaz russe vers l’Europe via l’Ukraine représentait un volume de 14,65 milliards de mètres cubes. Un flux conséquent qui va devoir être compensé par d’autres sources d’approvisionnement.

Quelles alternatives pour l’Europe ?

Avec la fin du transit via l’Ukraine et le sabotage des gazoducs Nord Stream en mer Baltique il y a plus de deux ans, l’Europe se retrouve privée de ses principales routes d’importation de gaz russe.

Les options restantes sont limitées :

  • Le gazoduc TurkStream et son prolongement Balkan Stream
  • Du GNL russe importé par méthaniers

Mais ces alternatives ne suffiront pas à compenser totalement l’arrêt du transit via l’Ukraine. Les pays européens vont devoir accélérer leur transition vers d’autres fournisseurs et sources d’énergie pour sécuriser leur approvisionnement.

La Hongrie reçoit l’essentiel de ses importations de gaz russe via TurkStream. Elle ne sera donc que marginalement affectée par la fin du transit via l’Ukraine.

Cet arrêt des livraisons de gaz russe via l’Ukraine marque un tournant dans les relations énergétiques entre la Russie et l’Europe. Il renforce la nécessité pour le Vieux Continent de diversifier rapidement ses sources d’approvisionnement en gaz pour garantir sa sécurité énergétique dans un contexte géopolitique tendu.

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