C’est un nouveau chapitre qui se ferme sur l’une des pages les plus sombres de l’histoire de la Seconde Guerre mondiale en France. Selon nos informations, les opérations de recherche des dépouilles de soldats allemands exécutés par des résistants français en juin 1944 dans le centre de la France viennent de prendre fin, a annoncé jeudi la préfecture de Corrèze. Malgré de nouvelles analyses poussées des sols, aucune trace des fosses communes recherchées n’a pu être mise au jour.
Tout commence le 12 juin 1944. Alors que les massacres perpétrés par les nazis à Tulle et Oradour-sur-Glane viennent d’horrifier la France entière, un groupe de 46 soldats allemands capturés par la résistance locale ainsi qu’une Française soupçonnée de collaboration auraient été sommairement exécutés par un groupement de Francs-tireurs et partisans (FTP) près de Meymac, en Corrèze. C’est en tout cas ce qu’affirmera bien des années plus tard Edmond Réveil, âgé de seulement 18 ans à l’époque des faits, dans un témoignage qui relancera l’affaire.
Une première campagne de fouilles infructueuse
Sur la base de ce témoignage et d’analyses préliminaires des sols, une équipe d’archéologues s’était rendue dès août 2023 sur une colline boisée de Meymac, avec l’espoir de résoudre enfin ce mystère vieux de plus de 75 ans. Las, après plusieurs semaines de recherches et en dépit du soutien logistique du Volksbund, l’organisme allemand en charge de l’entretien des sépultures militaires, cette première campagne de fouilles s’était soldée par un échec.
Seuls quelques artefacts datant de l’époque, comme des douilles de balles ou des pièces de monnaie, avaient alors été mis au jour, sans permettre pour autant de localiser précisément le lieu d’inhumation des soldats. Un demi-siècle plus tôt déjà, de premières recherches avaient permis d’exhumer les corps de seulement onze militaires allemands, laissant craindre que le reste des dépouilles ait été déplacé ou plus vraisemblablement enseveli dans une autre partie du bois.
Les géoradars restent muets
Déterminé à ne laisser aucune piste inexplorée, le Volksbund a demandé en octobre 2024 la réalisation d’une ultime campagne d’analyses des sols par géoradar, une technologie permettant de sonder les couches superficielles du sol sans excavation. D’après nos sources, ces nouvelles recherches ont été menées du 7 au 10 octobre derniers, sur deux parcelles boisées adjacentes aux zones déjà explorées précédemment, mais sont hélas elles aussi restées vaines.
Aucune anomalie caractéristique de fosses communes n’a ainsi pu être détectée par les géoradars. « Dans ces conditions, le préfet de Corrèze et le Volksbund ont conjointement décidé de mettre un terme aux recherches, faute d’élément nouveau permettant de localiser la zone potentielle des fosses », a sobrement indiqué la préfecture dans son communiqué.
Le point final d’une sombre affaire
Si elle n’est pas une surprise au vu des maigres résultats des précédentes campagnes de fouilles, cette annonce sonne néanmoins comme le point final d’une affaire hors du commun, qui aura tenu en haleine chercheurs et historiens durant de longs mois. Capturés les 7 et 8 juin 1944 en Corrèze alors que la région était en proie aux exactions de la division SS Das Reich, ces 46 soldats allemands auraient donc été sommairement exécutés par des résistants français.
Une vengeance aussi expéditive que compréhensible, quelques jours seulement après l’innommable massacre de Tulle (99 civils pendus et 101 déportés) et le martyre du village d’Oradour-sur-Glane (643 habitants assassinés), sans doute l’un des pires crimes de guerre jamais perpétrés sur le sol français. 80 ans après les faits, le mystère reste entier sur le lieu exact où reposent ces militaires allemands, dont le sort tragique aura été scellé par la folie meurtrière et les atrocités commises par les leurs.
Devoir de mémoire
Au-delà de la dimension historique et mémorielle, cette affaire nous rappelle la spirale de violence et de représailles dans laquelle la France s’est retrouvée plongée à la fin de l’occupation, sur fond de combats acharnés entre les forces de la résistance et les troupes allemandes. Si la quête des corps de ces 46 soldats s’achève aujourd’hui, preuve a été faite que même pour les vaincus de la pire des guerres, notre pays sait faire preuve de respect en cherchant, des décennies plus tard, à offrir à ces hommes une sépulture digne.
Car c’est bien là tout le sens de ces recherches entreprises conjointement par les autorités françaises et allemandes: tenter d’écrire, dans un esprit de réconciliation, la dernière page d’un épisode sombre et douloureux de notre histoire commune. Et honorer, par-delà les frontières et les générations, la mémoire de tous les combattants tombés sur notre sol. Une démarche essentielle pour panser les plaies du passé et bâtir une paix durable entre nos deux pays.