En ce lundi après-midi, l’hémicycle clairsemé de l’Assemblée Nationale a été le théâtre d’un nouveau bras de fer entre le gouvernement et ses oppositions. Comme attendu, les deux motions de censure déposées par les groupes LFI et RN ont été largement rejetées, permettant à l’équipe d’Emmanuel Macron de souffler avant les élections européennes du week-end prochain.
Des oppositions déterminées mais impuissantes
Malgré une issue prévisible, les élus insoumis et lepénistes ont maintenu leurs motions visant à sanctionner le refus du gouvernement de présenter un budget rectificatif pour 2024 après l’aggravation récente du déficit public. L’occasion pour eux de dénoncer avec virulence la gestion “lamentable” des finances par le ministre de l’Économie.
Ce n’est pas la France qui est en faillite, c’est le macronisme.
– Mathias Tavel, député LFI
Mais faute d’une majorité alternative, ces votes étaient d’avance voués à l’échec. La motion LFI, soutenue par l’ensemble de la NUPES et le RN, n’a recueilli que 222 voix. Celle du groupe lepéniste, uniquement 89.
Un Premier ministre offensif
Face à ces attaques, Gabriel Attal n’a pas hésité à contre-attaquer, accusant les oppositions d’agir “de concert” pour semer le “chaos” :
Votre motion de censure est une inconséquence qui aurait des conséquences dans le quotidien.
– Gabriel Attal, Premier ministre
Le chef du gouvernement a défendu le bilan de l’exécutif pendant la crise Covid et mis en garde contre “l’instabilité” que provoquerait un renversement à ce stade.
Les Républicains rejettent l’appel du RN
Malgré un appel appuyé de Sébastien Chenu aux députés LR à “sortir de l’ambiguïté”, ces derniers ont maintenu leur ligne de conduite. Par la voix d’Olivier Marleix, ils ont refusé de participer à ce qu’ils considèrent comme un “jeu politique”, tout en posant une “ligne rouge” au gouvernement sur le pouvoir d’achat des Français.
Une accalmie de courte durée pour la majorité ?
Si l’exécutif peut souffler après ce vote, cette séquence rappelle sa situation précaire à l’Assemblée. Sans majorité absolue, il reste sous la menace permanente de motions de censure, même si aucune n’est pour l’instant parvenue à rassembler contre lui.
De quoi relancer les spéculations sur une éventuelle dissolution en cas de déroute aux Européennes dimanche. Mais selon son entourage, Emmanuel Macron n’envisagerait pas cette option pour l’instant, préférant donner du temps à son nouveau gouvernement et miser sur un “apaisement” à la rentrée.
Un pari risqué alors que les turbulences économiques et sociales promettent une rentrée agitée sur fond de réforme des retraites contestée. Et avec une cote de popularité au plus bas, le chef de l’État dispose de peu de marge de manœuvre pour relancer son second quinquennat.