Il fut un temps où les géants du tennis foulaient les parquets grinçants des courts couverts. Une époque révolue, où vitesse et rebonds fous régnaient en maîtres. Retour sur l’histoire mouvementée de ces surfaces de légende, aujourd’hui tombées en désuétude.
Des origines prestigieuses
Le parquet est intrinsèquement lié à l’histoire du tennis. Le jeu de paume, ancêtre de notre sport moderne, se pratiquait déjà sur ces planchers vernis. Björn Borg, icône suédoise et roi de la terre battue, a même forgé son jeu si particulier sur les parquets scandinaves !
Jusqu’au début des années 70, de nombreux championnats majeurs se disputaient sur bois. Des Internationaux de France en salle aux Jeux Olympiques de Londres et Stockholm, en passant par les tournois d’Allemagne, d’Angleterre ou d’Écosse, le parquet régnait en maître les jours de pluie.
Je passe mon temps à me demander à quoi consiste le tennis quand je joue sur parquet ou sur dur.
Bill Tilden, star des années 20
Rebonds diaboliques et articulations martyrisées
Mais cette surface ultra-rapide, produisant des rebonds bas et courts, n’a jamais fait l’unanimité. Bill Tilden, lui-même, regrettait de ne pouvoir maîtriser ses coups sur ce revêtement qui “ne permettait pas de tenir l’échange”.
Un avis partagé par beaucoup, à l’instar de Jean-Paul Loth, capitaine de l’équipe de France de Coupe Davis dans les années 80. Pour lui, le parquet “faisait partie de ces revêtements qui tuaient le spectacle”, favorisant un jeu de serveurs-volleyeurs.
Sans compter les dégâts infligés aux articulations des joueurs. Un argument de poids dans le déclin progressif de ces surfaces exigeantes.
Le piège paraguayen
Mais certains ont su tirer leur épingle du jeu. En 1983, puis en 1985, le Paraguay tend un piège machiavélique aux équipes de Tchécoslovaquie et de France en Coupe Davis. Sur un parquet ultra-rapide et spécialement vitrifié, les Bleus et Lendl se cassent les dents.
En plus, on s’était entraînés sur parquet pendant quinze jours. Le jeu sur bois est le plus rapide qui existe au tennis.
Victor Pecci, joueur paraguayen
Un épisode qui sonne le glas de cette surface piégeuse. Sur demande pressante de Jean-Paul Loth, la Fédération internationale finira par bannir le parquet des compétitions officielles en 2009.
Un vestige réservé aux jeux vidéo
Aujourd’hui, moins de 1% des courts en France sont en parquet. Une surface devenue confidentielle, réservée aux salles polyvalentes et aux jours de pluie. Seuls les amateurs de jeux vidéo comme Everybody’s Tennis ou Tennis World Tour peuvent encore fouler virtuellement ces parquets d’antan.
Le tennis moderne a tourné la page de ces revêtements ultra-rapides au nom du spectacle et de la santé des joueurs. Mais les nostalgiques regretteront toujours l’époque où serveurs-volleyeurs et gauchers fantasques régnaient sur des parquets grinçants. Une page de la grande histoire du tennis qui reste à écrire.