La fin de l’ère Macron à l’Élysée sonne le glas d’une hyperprésidence qui aura marqué les esprits. Alors que le Château se voit contraint de repenser totalement son fonctionnement, Matignon récupère dans son escarcelle bon nombre de prérogatives jusque-là chasse gardée du président. Révélations sur les coulisses d’un bouleversement qui redistribue les cartes du pouvoir.
L’Élysée face au démantèlement de la présidence jupitérienne
Fini le temps où le président de la République régnait en maître absolu sur la politique française. Emmanuel Macron, après avoir porté à son paroxysme le concept d’hyperprésidence lors de ses deux quinquennats, se voit aujourd’hui contraint de lâcher du lest. L’Élysée est sommé de revoir de fond en comble son organisation, avec un rééquilibrage des pouvoirs en faveur de Matignon.
Maintenant, on a René Coty. Il fait des inaugurations !
– Un ancien conseiller de François Hollande
Cette petite phrase assassine résume bien l’état d’esprit qui règne dans les couloirs du pouvoir. Emmanuel Macron se retrouve cantonné à un rôle de représentation, bien loin de l’omnipotence qui caractérisait son exercice du pouvoir jusqu’ici. Une révolution qui en dit long sur le nouveau visage des institutions de la Ve République.
Matignon, grand gagnant du rééquilibrage des pouvoirs
Dans ce jeu de chaises musicales, c’est bien Matignon qui tire son épingle du jeu. Le Premier ministre Michel Barnier récupère dans son giron une bonne partie de ce que gérait directement le président, non sans une certaine délectation. Désormais, c’est lui qui tient les manettes sur des pans entiers de l’action gouvernementale :
- La conduite de la politique nationale
- La détermination et la conduite de la politique de la Nation
- La direction de l’action du Gouvernement
- La responsabilité de la Défense nationale
Un bouleversement qui redonne tout son sens à la fonction de chef du gouvernement, reléguée ces dernières années au rang de supplétif de l’Élysée. Michel Barnier ne s’y est pas trompé, lui qui entend bien imprimer sa marque sur ce quinquennat.
Vers une Sixième République ?
Au-delà de la réorganisation des pouvoirs au sommet de l’État, c’est bien une refondation plus large du système politique qui se profile. De nombreuses voix s’élèvent pour réclamer le passage à une Sixième République, qui mettrait fin à la concentration des pouvoirs entre les mains du président.
Parmi les pistes évoquées, on retrouve l’idée d’un régime primo-ministériel à l’allemande ou à l’italienne, où le chef du gouvernement serait issu de la majorité parlementaire. Une évolution qui transformerait en profondeur la physionomie de la vie politique française, en redonnant tout son poids à l’Assemblée nationale.
Il est temps de tourner la page de l’hyperprésidence et de construire un nouvel équilibre des pouvoirs, plus conforme à l’esprit de nos institutions.
– Un député de la majorité
Les Français favorables à un rééquilibrage
Les Français ne s’y trompent pas et sont nombreux à se prononcer en faveur d’une redistribution des cartes. Selon un sondage Ifop pour Le Journal du Dimanche, 63% des personnes interrogées se disent favorables à une évolution du rôle du président vers un exercice plus mesuré et partagé du pouvoir.
La lassitude face à l’hyperprésidence semble avoir gagné l’opinion, qui aspire à un fonctionnement plus équilibré et collégial des institutions. Un signal fort envoyé aux locataires de l’Élysée et de Matignon, qui devront composer avec cette nouvelle donne politique.
Le pari de la responsabilité pour Emmanuel Macron
Pour Emmanuel Macron, l’heure est au pari de la responsabilité et de la maturité politique. Lui qui a porté au pinacle le concept d’hyperprésidence doit désormais se réinventer dans un rôle d’arbitre et de garant des institutions.
Un défi de taille pour le chef de l’État, qui devra trouver le bon positionnement pour peser sur les grands choix du quinquennat sans outrepasser ses prérogatives. Un exercice d’équilibriste qui dira si Emmanuel Macron a su tirer les leçons des excès de la présidence jupitérienne.
Une chose est sûre : les cartes sont rebattues et un nouveau chapitre s’ouvre pour la Ve République. Place désormais à un pouvoir plus partagé et équilibré, pour le meilleur ou pour le pire. L’avenir nous dira si cette refonte aura permis de redonner du sens et de la vitalité à notre démocratie.