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Fin de la dictature en Syrie : L’UE face aux défis et opportunités

L'UE se prépare aux défis d'une Syrie sans Assad. La chute de la dictature crée espoirs mais aussi inquiétudes chez les Européens. Entre crise migratoire et menace djihadiste, le chemin reste long pour stabiliser la région...

Alors que la Syrie tourne la page Bachar al-Assad, l’Union européenne observe la situation avec un mélange d’espoir et d’inquiétude. Si la fin d’une « cruelle dictature » est saluée, Bruxelles redoute aussi un scénario « à la libyenne » qui plongerait le pays dans le chaos, avec à la clé une nouvelle crise migratoire.

Une transition risquée mais porteuse d’opportunités

Pour Ursula von der Leyen, présidente de la Commission européenne, ce bouleversement historique dans la région est porteur à la fois d’opportunités et de risques. Les Européens craignent en effet que la chute d’Assad n’aboutisse à un effondrement du pays, à l’instar de la Libye post-Khadafi. « Nous devons être vigilants », résume une source diplomatique à Bruxelles.

HTS, un interlocuteur problématique pour l’UE

La position des institutions européennes dépendra beaucoup de l’attitude des islamistes de Hayat Tahrir al-Cham (HTS), groupe considéré jusqu’ici comme terroriste par les Occidentaux et avec qui l’UE n’a pour l’instant aucun contact. Prendre langue avec les nouveaux dirigeants syriens représente « une difficile équation » pour l’Europe vue leur proximité avec le djihadisme radical, selon Ian Lesser, expert au German Marshall Fund.

Alors que HTS prend davantage de responsabilités, nous aurons besoin d’évaluer non seulement leurs paroles, mais aussi leurs actes.

Un porte-parole de l’UE

Le respect des minorités, un impératif pour les Européens

La protection des différentes communautés dans ce pays multi-confessionnel est une priorité absolue aux yeux des Européens. Pour Kaja Kallas, à la tête de la diplomatie de l’UE, toutes les parties prenantes doivent s’engager dans un « dialogue inclusif », seul à même de garantir une « transition ordonnée et pacifique ». Julien Barnes-Decey, de l’ECFR, estime que l’Europe devrait d’abord se concentrer sur « la grande opportunité » que représente le départ d’Assad, « principal responsable de l’instabilité et des flux de réfugiés ».

Réfugiés syriens : le spectre d’une nouvelle crise migratoire

La guerre civile en Syrie a provoqué un exode massif, avec près de sept millions de personnes ayant fui le pays, dont beaucoup ont trouvé refuge dans l’UE. Si la plupart aspirent à rentrer, une dégradation de la situation pourrait provoquer un nouvel afflux de réfugiés vers l’Europe, avec cette fois une incertitude sur le rôle de la Turquie. Pour une source européenne, il faut « à tout prix éviter ce scénario du chaos ». La Commission se prépare donc à augmenter son aide humanitaire afin de « stabiliser la situation ».

Le risque d’une résurgence de l’EI

Autre sujet d’inquiétude partagé par Européens et Américains : un possible regain d’activité de l’organisation Etat islamique, qui compte encore des combattants en Syrie, dont certains détenus dans des camps sous contrôle kurde. Ian Lesser anticipe un « effort continu emmené par les États-Unis pour empêcher toute réémergence de l’EI », dans un contexte syrien précaire.

Face à ces nombreux défis, l’Europe va donc devoir avancer avec prudence et pragmatisme pour accompagner au mieux la transition post-Assad, en évitant les écueils d’une déstabilisation aux conséquences potentiellement dévastatrices pour la région et sa propre sécurité. Un exercice d’équilibriste qui s’annonce périlleux mais incontournable.

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