Depuis plusieurs semaines, toute l’Angleterre retient son souffle. Le procès des bourreaux de la petite Sara, fillette anglo-pakistanaise de 10 ans battue à mort en août dernier, s’est ouvert dans un tribunal londonien. Ce mardi 17 décembre 2024, le verdict tant attendu est enfin tombé. Entre révélations glaçantes sur le calvaire enduré par l’enfant et regrets amers face aux signaux d’alerte ignorés, retour sur une affaire qui a profondément ébranlé le pays.
Un verdict lourd de sens
C’est un procès éprouvant qui s’achève aux assises de Londres. Après des semaines de témoignages poignants et de réquisitoires implacables, la sentence est sans appel pour les tortionnaires de la petite Sara : le père, Urfan Sharif, et la belle-mère, Beinash Batool, écopent d’une condamnation pour meurtre. L’oncle de la fillette, Faisal Malik, est quant à lui reconnu coupable de non-assistance à personne en danger. Des peines lourdes, à la hauteur de l’onde de choc et de l’indignation suscitées par ce drame dans tout le Royaume-Uni.
Une enfance brisée, une vie volée
Le martyre de Sara, retracé lors du procès, dépasse l’entendement. Selon des sources proches de l’enquête, l’autopsie de la fillette de 10 ans, retrouvée sans vie en août 2023, a révélé plus de 100 blessures sur son corps meurtri : ecchymoses, brûlures, fractures, traces de morsures… Des sévices atroces, perpétrés dans l’intimité du foyer familial, loin des regards extérieurs. Car quatre mois avant sa mort, Sara avait été brutalement déscolarisée par son père et sa belle-mère, s’évanouissant dans l’anonymat, à huis clos.
Les attaques contre Sara étaient devenues une routine, complètement banalisées.
Le procureur William Emlyn Jones lors du procès
La fuite macabre des bourreaux
Autre élément troublant mis en lumière par l’enquête : au lendemain de la mort de Sara, le 9 août 2023, son père Urfan Sharif, sa belle-mère Beinash Batool et son oncle Faisal Malik ont pris la fuite vers le Pakistan avec les cinq autres enfants du foyer. Abandonnant le corps de la fillette sur un lit, ils se sont envolés précipitamment, entamant une cavale d’un mois avant d’être interpellés à leur retour au Royaume-Uni. Un départ en catastrophe, comme pour fuir leurs responsabilités et échapper aux conséquences de leurs actes ignobles.
Les signaux d’alerte ignorés
Au fil du procès, un constat amer s’impose : les services sociaux connaissaient bien Urfan Sharif et ses antécédents de violences familiales, mais plusieurs occasions de sauver Sara ont été manquées. Quelques mois avant le drame, l’institutrice de Sara avait signalé à trois reprises des traces de coups suspectes, sans que des mesures fermes ne soient prises. L’école était un ultime rempart, un regard extérieur sur le calvaire de Sara. En la retirant brutalement du système scolaire fin avril 2023, ses bourreaux ont coupé ce mince filin qui la reliait encore au monde. Elle était dès lors totalement à leur merci, prisonnière d’un foyer cauchemardesque qui allait devenir son tombeau.
Le jour de sa mort, alors que Sara gisait inerte sur les genoux de sa belle-mère, Urfan Sharif l’avait frappée deux fois dans le ventre avec le pied métallique d’une chaise haute, l’accusant de « faire semblant ».
Détail glaçant révélé lors du procès des bourreaux de Sara
Un électrochoc nécessaire
Dans le sillage de ce procès retentissant qui laisse le pays en état de choc, des voix s’élèvent pour réclamer un renforcement des contrôles sur les enfants scolarisés à domicile. Le premier ministre a lui-même pris la parole pour annoncer des mesures visant à mieux protéger ces élèves hors des radars, potentiellement isolés et vulnérables. Avec en tête ce cri d’alerte, ce constat d’échec cuisant : si la société avait su voir les détresses muettes de Sara, son calvaire aurait-il pu être évité ? Puisse le sacrifice de cette innocente contribuer à sauver d’autres vies. C’est la supplique silencieuse qui résonne à l’issue de ce procès éprouvant, qui restera gravé dans les mémoires.