Le Royaume-Uni est sous le choc après la condamnation du père et de la belle-mère de Sara, 10 ans, pour son meurtre épouvantable. Ce procès a mis en lumière non seulement la cruauté inouïe subie par cette fillette anglo-pakistanaise, mais aussi les failles criantes dans le système de protection de l’enfance qui ont conduit à cette issue tragique.
Un crime odieux et des accusés en fuite
Sara est morte en août 2023 sous les coups de ses bourreaux, après des années de maltraitance atroce. Son calvaire a pris fin un soir d’été, mais il aura fallu des mois pour que justice soit rendue. Car quelques heures seulement après son dernier souffle, Urfan Sharif, Beinash Batool et Faisal Malik, respectivement le père, la belle-mère et l’oncle de Sara, s’envolaient pour le Pakistan avec leurs cinq autres enfants, abandonnant le corps sans vie de la fillette.
Un mois de cavale aura été nécessaire avant que les trois fuyards ne soient rapatriés et arrêtés à leur arrivée à Londres. Une tentative désespérée d’échapper à leurs responsabilités qui n’aura fait que confirmer leur culpabilité aux yeux de la justice.
Un procès révélateur d’atrocités insoupçonnées
Mais c’est durant le procès que l’ampleur du calvaire enduré par Sara a été révélée au grand jour. Les experts légistes ont dressé un portrait glaçant des sévices subis :
- 25 fractures plus ou moins anciennes
- 70 marques de coups et blessures
- Des brûlures causées par un fer à repasser et de l’eau bouillante
- Des morsures humaines
- Des traces de liens et bâillons
Des actes de barbarie perpétrés durant des années, dans l’indifférence générale. Car en dépit d’un signalement de l’école de Sara, les services sociaux n’ont pas su déceler la maltraitance qu’elle subissait au quotidien.
L’échec fatal des institutions
La mort de Sara est certes le fait de criminels, mais elle est aussi le résultat d’un échec collectif. L’école avait tiré la sonnette d’alarme en remarquant des blessures suspectes, pourtant aucun suivi n’a été fait. Les visites des services sociaux au domicile n’ont rien donné. Sara a disparu des radars pendant plusieurs mois sans réaction des autorités.
Nous avons tous vu l’éclatant sourire de Sara sur les photos, mais toutes les personnes impliquées dans cette affaire se souviendront pour toujours des blessures horribles et du traitement brutal qu’elle a reçu.
Judith Reed, bureau du procureur
Au-delà du choc et de l’émotion, ce drame interroge sur les failles béantes dans la protection des enfants les plus vulnérables. Comment de telles violences peuvent-elles passer inaperçues ? Quels sont les verrous qui empêchent le système de réagir à temps ? Des questions d’autant plus cruciales que le nombre d’enfants suivis pour maltraitance ne cesse d’augmenter au Royaume-Uni ces dernières années.
Une peine à la hauteur du crime ?
Si le père et la belle-mère de Sara ont finalement été reconnus coupables de son meurtre, et son oncle complice, la sentence n’est pas encore connue. Le juge en charge de l’affaire a reporté au 21 juin le prononcé des peines. Un délai qui maintient les proches de la victime dans l’expectative.
Car pour beaucoup, seule une peine exemplaire serait de nature à apaiser un peu leur douleur et leur colère. La tante de Sara, qui l’avait élevée pendant plusieurs années avant qu’elle ne soit confiée à son père, espère une décision à la hauteur des souffrances endurées :
Aucune peine ne ramènera jamais notre Sara. Mais je veux que justice soit faite. Ils méritent la prison à vie pour lui avoir volé la sienne de façon aussi cruelle.
D’après une source proche de la victime
Le Royaume-Uni retient donc son souffle dans l’attente du jugement. Mais au-delà du sort des bourreaux, c’est tout un système de protection de l’enfance qui se retrouve sur le banc des accusés. Car sans une profonde remise en question, d’autres enfants continueront de subir le même sort que Sara, dans l’indifférence générale. Il est plus que temps d’agir.