L’air est lourd, presque irrespirable, et une lueur orangée éclaire l’horizon. À seulement quelques dizaines de kilomètres de Vancouver, les feux de forêt dévorent les terres à une vitesse alarmante, plongeant les habitants dans une inquiétude croissante. Cette année, le Canada fait face à une saison des incendies d’une intensité rare, et la situation ne semble pas près de s’apaiser. Alors que les flammes se rapprochent des zones urbaines, quelles sont les causes de cette crise et quelles solutions envisager ?
Une Saison des Feux Hors Normes
Le Canada n’est pas étranger aux incendies de forêt, mais l’année en cours marque les esprits par son intensité. Depuis le début de la saison, déjà 3,5 millions d’hectares de terres ont été réduits en cendres, une superficie équivalente à celle d’un pays comme la Belgique. Ce chiffre, bien que colossal, reste inférieur à l’année 2023, où 18 millions d’hectares avaient été ravagés, un record historique. Pourtant, la précocité et la violence des feux actuels inquiètent les experts.
Dans l’ouest du pays, particulièrement en Colombie-Britannique, les flammes gagnent du terrain à une vitesse fulgurante. À Squamish, une petite commune située à 65 kilomètres au nord de Vancouver, la situation est devenue critique. Les habitants, comme Max Whittenburg, décrivent une atmosphère oppressante, où la fumée envahit les rues et les flammes dansent à l’horizon, visibles depuis les quartiers résidentiels.
“C’est assez effrayant. Je suis sous le choc que ce soit si proche.”
Max Whittenburg, résident de Squamish
Squamish : Une Communauté sous Tension
À Squamish, les 25 000 habitants vivent dans l’angoisse. Un incendie, qui a atteint une superficie de 20 hectares en quelques heures, échappe à tout contrôle. Les autorités locales ont décrété l’état d’urgence et demandé à une partie de la population de se préparer à une évacuation imminente. Certains résidents, comme Luke Procter, un jeune homme de 19 ans, ont déjà pris des mesures concrètes pour faire face à cette menace.
“J’ai préparé mon sac et aidé mon père à attacher la remorque à la jeep, au cas où nous devrions partir,” explique Luke. Sur les toits des maisons, des systèmes d’arrosage ont été installés pour humidifier les structures et limiter les risques. Ces gestes, bien que simples, témoignent de l’urgence et de la peur qui s’installent dans cette communauté.
Chiffre clé : 225 feux de forêt sont actuellement actifs dans le centre et l’ouest du Canada, forçant l’évacuation de plus de 30 000 personnes.
Un Contexte Climatique Alarmant
Pourquoi les feux de forêt sont-ils si intenses cette année ? La réponse réside en grande partie dans le changement climatique. Le Canada se réchauffe à un rythme deux fois plus rapide que la moyenne mondiale, ce qui entraîne des conditions propices aux incendies. Les hivers plus courts et moins enneigés, combinés à des étés plus secs et plus chauds, créent un environnement où les feux s’allument plus facilement et se propagent plus rapidement.
Selon Marc-André Parisien, chercheur au Service canadien des forêts, les zones qui brûlent aujourd’hui ne connaissaient pas traditionnellement de tels incendies. “On observe de plus en plus de feux dans des régions qui n’étaient pas habituées à ces phénomènes,” précise-t-il. Cette évolution est directement liée à la sécheresse persistante et aux températures anormalement élevées.
“Les superficies brûlées à la fin du mois de mai sont environ trois fois supérieures à la moyenne sur dix ans pour cette période.”
Bill Merryfield, chercheur pour le ministère de l’Environnement
Des Causes Multiples, Mais un Déclencheur Humain
Si le climat joue un rôle central, les activités humaines sont souvent à l’origine des départs de feu. La plupart des incendies au Canada sont déclenchés accidentellement, dans un environnement rendu extrêmement sec par la sécheresse. Un mégot mal éteint, un feu de camp négligé ou une étincelle peuvent suffire à embraser des hectares de forêt en quelques minutes.
En Saskatchewan, où la saison des feux a débuté de manière particulièrement violente, le Premier ministre Scott Moe a décrit les deux dernières semaines comme “très dures”. La province a également déclaré l’état d’urgence fin mai, face à des incendies qui ont forcé des milliers de personnes à quitter leurs foyers. Cependant, une lueur d’espoir subsiste : près de la moitié des évacués commencent à regagner leurs communautés.
Région | Nombre de feux actifs | Personnes évacuées |
---|---|---|
Colombie-Britannique | 225 | 30 000+ |
Saskatchewan | Non précisé | En cours de retour |
Quelles Perspectives pour l’Été ?
Les autorités canadiennes redoutent une aggravation de la situation au cours des trois prochains mois. La sécheresse persistante et les prévisions de températures élevées laissent présager une saison des feux encore plus destructrice. Les experts soulignent que les conditions climatiques actuelles, exacerbées par le réchauffement planétaire, rendent la lutte contre les incendies de plus en plus complexe.
Pour les habitants de Squamish et d’autres communautés menacées, l’avenir est incertain. Les mesures d’urgence, comme les évacuations et les systèmes d’arrosage improvisés, ne suffisent pas toujours à contrer l’ampleur des mégafeux. Les autorités appellent à une vigilance accrue et à une meilleure prévention, notamment en limitant les activités humaines à risque dans les zones sèches.
Un Défi pour l’Avenir
La crise des feux de forêt au Canada dépasse largement les frontières de la Colombie-Britannique ou de la Saskatchewan. Elle met en lumière les défis posés par le changement climatique à l’échelle mondiale. Les événements météorologiques extrêmes, comme les sécheresses et les vagues de chaleur, deviennent de plus en plus fréquents, obligeant les gouvernements et les communautés à repenser leur approche de la gestion des catastrophes naturelles.
Pour l’instant, les habitants de Squamish et d’autres régions touchées restent sur le qui-vive, espérant que les efforts des pompiers et les conditions météorologiques leur accorderont un répit. Mais une chose est certaine : sans une action concertée pour lutter contre le réchauffement climatique, ces crises risquent de devenir la norme.
Que retenir ?
- 3,5 millions d’hectares brûlés en 2025, un record hors 2023.
- 225 feux actifs, 30 000 personnes évacuées.
- Le changement climatique aggrave la fréquence et l’intensité des incendies.
- Les activités humaines sont souvent à l’origine des départs de feu.
Face à cette crise, une question demeure : comment le Canada, et le monde entier, peuvent-ils s’adapter à un climat de plus en plus imprévisible ? La réponse nécessitera des efforts collectifs, de la sensibilisation et, surtout, une volonté d’agir avant que les flammes ne consument davantage.