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Femme trans harcelée chez McDonald’s : une décision des prud’hommes qui fait date

Syntia, femme trans, a été victime de harcèlement transphobe chez McDonald's. Ses managers lui interdisaient d'utiliser son prénom féminin. Le conseil des prud'hommes a rendu une décision historique contre cette discrimination. Une avancée pour les droits des personnes trans en entreprise…

L’histoire de Syntia, jeune femme transgenre de 21 ans, employée dans un McDonald’s du Maine-et-Loire, met en lumière les défis auxquels font encore face les personnes trans dans le monde professionnel. Après avoir fait son coming-out en janvier dernier, Syntia a été confrontée à des comportements transphobes répétés de la part de sa direction.

Un coming-out mal accueilli par la direction

Le 6 janvier, Syntia décide de révéler sa transidentité au travail en se présentant habillée en femme, avec de faux seins, des collants résille et un mini-short. Si ses collègues ne semblent pas choqués, ses managers réagissent très négativement. Dès le 24 janvier, Syntia reçoit un premier rappel à l’ordre, accompagné d’une remarque blessante d’un superviseur :

On voit bien que tu veux devenir une fille. T’es pas obligée de te maquiller pour nous le montrer.

Le lendemain, la direction interdit à tous les managers d’utiliser le prénom féminin choisi par Syntia, en dépit du fait que la loi l’autorise. Des notes de service sont même placardées à ce sujet. Malgré les humiliations publiques et les reproches sur son apparence, la jeune femme refuse de céder.

Des attaques transphobes lors d’un entretien disciplinaire

La situation empire lorsque Syntia est convoquée à un entretien disciplinaire le 21 février, suite à son refus de se démaquiller. Devant ses supérieurs et son employeur, elle subit une avalanche de propos transphobes :

  • « Le respect, c’est d’appeler les gens par leur prénom. »
  • « Je sers des clients, je suis pas dans un magasin de tatouage. »
  • « Aujourd’hui, on l’appelle par un prénom de femme, mais c’est pas une femme, c’est un homme. »
  • « J’insiste là-dessus, pour l’instant, t’es un mec, je suis désolé. »

Une décision historique des prud’hommes

Face à ces faits, Syntia a déposé une requête devant le conseil des prud’hommes d’Angers et porté plainte au pénal. Le 25 juin 2024, plus d’un an après, la justice a tranché en sa faveur de manière retentissante.

Dans son jugement, le conseil des prud’hommes estime que Syntia « est victime d’une discrimination en raison de son identité de genre, de par l’interdiction pour ses collègues d’utiliser son prénom féminin et de la désigner au féminin ». Une première qui crée un précédent important.

Vers une meilleure inclusion des personnes trans au travail ?

Le cas de Syntia illustre malheureusement une réalité encore trop répandue pour les travailleurs transgenres. Moqueries, mégenrage volontaire, refus d’utiliser le prénom choisi… autant de micro-agressions qui impactent la santé mentale et les performances professionnelles des personnes concernées.

Des associations militent depuis des années pour une meilleure prise en compte des problématiques trans dans les entreprises. Sensibilisation des équipes, mise en place de référents, toilettes neutres, possibilité d’utiliser un prénom d’usage… de nombreuses mesures simples peuvent être mises en œuvre. Au-delà d’un sujet RH, l’inclusion des personnes trans est un enjeu sociétal et un marqueur fort de la maturité d’une organisation sur les questions de diversité.

La condamnation de McDonald’s par les prud’hommes envoie un signal fort. Discriminer un salarié sur la base de son identité de genre est non seulement moralement inacceptable, mais aussi sanctionnable en justice. Espérons que cette décision fasse jurisprudence et incite les entreprises à devenir des environnements plus inclusifs et respectueux de toutes les identités.

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