C’est un témoignage bouleversant qu’a livré l’adolescente de 17 ans devant la cour d’assises de Bobigny en Seine-Saint-Denis. Sa mère, Bouchra B., a été poignardée par son mari le 26 novembre 2021 à Épinay-sur-Seine, malgré plusieurs plaintes pour violences conjugales et menaces de mort. La jeune fille était au téléphone avec sa mère au moment du drame.
Un père qui a toujours fait peur
Devant la cour, la lycéenne qui vit désormais au Maroc n’a pas souhaité de huis clos. Elle avait “beaucoup de choses à dire”. Malgré ses intonations d’adolescente, ses propos sont d’une terrible gravité :
J’ai toujours eu peur de mon père, de sa façon d’être, il y avait une agressivité en lui.
témoigne-t-elle.
Elle redoute que son père, jugé pour le meurtre de sa mère, puisse un jour sortir de prison :
Imaginons qu’il sorte demain, sa prochaine cible, c’est moi.
Une mère sous emprise, des plaintes ignorées
Bouchra B., 39 ans, avait déposé plusieurs plaintes contre son mari violent, sans jamais obtenir de réponse adéquate des autorités. Malgré la peur, elle n’avait pas réussi à quitter le domicile conjugal, sous l’emprise de son bourreau depuis des années.
Une situation malheureusement courante dans les affaires de violences conjugales, qui se terminent trop souvent en féminicide. En France, une femme meurt tous les trois jours sous les coups de son conjoint ou ex-conjoint.
Un drame familial qui bouleverse
Ce drame familial a profondément meurtri les deux enfants du couple. Le jour du meurtre, la fille aînée de Bouchra était en ligne avec elle au téléphone. Elle a tout entendu, impuissante.
Son témoignage poignant devant la cour d’assises illustre l’immense détresse des enfants victimes de féminicide. Des vies brisées à jamais par la folie meurtrière d’un père ou d’un beau-père.
Le procès du mari de Bouchra se poursuit devant la cour d’assises de Bobigny. Il encourt la réclusion criminelle à perpétuité pour ce féminicide qui endeuille une nouvelle fois la Seine-Saint-Denis, déjà très touchée par les violences faites aux femmes.
Un drame de plus qui aurait peut-être pu être évité si les appels à l’aide de Bouchra avaient été entendus. Sa fille espère aujourd’hui que la justice sera rendue. Et que plus jamais aucun enfant n’aura à vivre ce qu’elle traverse.
