En ce dimanche ensoleillé sur les pentes de Cortina d’Ampezzo, Federica Brignone a une fois de plus prouvé qu’elle était la reine incontestée du ski alpin. L’Italienne de 34 ans a survolé l’épreuve du Super-G, reléguant ses adversaires à plus d’une seconde et confortant ainsi son avance en tête du classement général de la Coupe du monde. Un succès qui force le respect et démontre toute l’étendue de son talent.
Une performance éblouissante sur la Tofane
Sur la redoutable piste Tofane, Federica Brignone a signé un chrono canon de 1’20″98, écrasant littéralement la concurrence. Ses dauphines du jour, les Suissesses Lara Gut-Behrami et Corinne Suter, ont respectivement concédé 58 centièmes et 1 seconde 08. Des écarts considérables à ce niveau de compétition, qui témoignent de la supériorité technique et physique de l’Italienne.
Dès les premières portes, Brignone a affiché une aisance déconcertante, enchaînant les courbes à haute vitesse avec une précision d’orfèvre. Son ski fluide et engagé lui a permis de conserver une trajectoire idéale tout au long du parcours, là où ses rivales ont souvent dû composer avec des approximations. En bas, le verdict du chronomètre était sans appel : personne n’a réussi à suivre le rythme infernal imposé par la transalpine.
La confirmation d’un statut de patronne
Ce succès, le 31ème de sa carrière en Coupe du monde, vient consolider le statut de patronne du circuit acquis par Federica Brignone ces dernières saisons. Véritable polyvalente capable de briller dans toutes les disciplines, des épreuves techniques (slalom et géant) à la vitesse, l’Italienne collectionne les podiums avec une régularité déconcertante.
Déjà victorieuse à trois reprises cet hiver (2 géants et 1 descente), elle prouve avec ce nouveau succès qu’elle est bien la skieuse à battre, celle qui semble avoir trouvé la martingale pour dompter toutes les pistes et tous les terrains. Un statut renforcé par son avance confortable au classement général, où elle compte désormais plus de 100 points d’avance sur sa première poursuivante, la Suissesse Camille Rast.
Chaque course est un nouveau défi, je ne calcule pas. J’essaye juste de skier à mon meilleur niveau à chaque fois. Le reste suivra naturellement.
Federica Brignone, au micro de la RAI
L’âge, juste un chiffre pour la championne italienne
À 34 ans, un âge canonique pour une skieuse, Federica Brignone n’en finit plus d’impressionner et de repousser les limites. Alors que beaucoup auraient déjà rangé les skis à cet âge, la native de Milan semble au contraire atteindre son pic de performance. Une longévité exceptionnelle qu’elle doit à un professionnalisme sans faille et une hygiène de vie irréprochable.
Connue pour sa rigueur à l’entraînement et son souci du détail, l’Italienne ne laisse rien au hasard dans sa préparation. Un travail de l’ombre qui paye sur la piste, où elle apparaît souvent comme la plus affûtée et la plus solide, y compris face à des concurrentes de près de 10 ans ses cadettes. La preuve vivante que la passion et la détermination peuvent transcender le poids des années.
La rançon de la gloire pour Sofia Goggia
Dans l’ombre de la performance XXL de sa compatriote, Sofia Goggia a dû se contenter d’un rôle secondaire sur ses terres. La championne olympique de descente, très attendue par le public italien, a complètement raté son affaire en ne prenant que la 7ème place, à plus d’une seconde et demie de Brignone. Un résultat décevant pour celle qui rêvait de briller devant son public.
Visiblement perturbée par l’enjeu et l’attente suscitée par sa présence, Goggia n’a jamais réussi à skier de manière relâchée. Crispée et légèrement en retrait dès le haut du tracé, elle a accumulé les petites fautes, concédant un retard rédhibitoire sur Brignone. Une contre-performance qui confirme ses difficultés actuelles en Super-G, discipline où elle n’arrive pas à exprimer la plénitude de son talent, contrairement à la descente.
Le coup dur pour Vonn
L’autre fait marquant de cette course aura été la chute de Lindsey Vonn, de retour à la compétition à 40 ans passés après 6 ans de retraite. L’Américaine, qui s’était fait poser une prothèse de genou high-tech, a lourdement chuté, mettant un terme prématuré à son comeback. Plus de peur que de mal heureusement pour la championne aux 137 podiums en Coupe du monde, qui s’est rapidement relevée.
Un incident qui ne manquera pas d’alimenter le débat sur la pertinence de son retour au plus haut niveau, à un âge où le corps peine à encaisser les chocs et où la moindre erreur peut avoir des conséquences dramatiques. Reste que pour Lindsey Vonn, comme pour Federica Brignone, la passion du ski semble plus forte que tout. Et c’est sans doute ce qui fait d’elles des champions à part.
