Les Championnats du monde de ski alpin de Saalbach ont été le théâtre d’une performance exceptionnelle ce jeudi matin lors de la première manche du slalom géant féminin. L’Italienne Federica Brignone a réalisé une démonstration de maîtrise et de vitesse, reléguant ses adversaires à des écarts considérables sur une piste rendue très difficile par la dégradation rapide de la neige.
Brignone dans une autre dimension
Vice-championne du monde il y a deux ans à Méribel, Federica Brignone avait à cœur de décrocher enfin le titre mondial en géant. Et elle a frappé très fort dès la première manche, signant un chrono de référence en 1 min 02 sec 60/100. Sur un tracé exigeant et technique, l’Italienne a sû exploiter au mieux son dossard N°4 pour s’offrir des lignes audacieuses et fluides. Son ski puissant et précis lui a permis de creuser immédiatement des écarts importants sur ses concurrentes.
Ça s’est bien passé, j’étais toujours à la limite et je poussais fort. Dans la dernière partie, je n’étais pas fatiguée donc j’ai pu continuer sur ce tempo élevé.
Federica Brignone
Seule la Néo-Zélandaise Alice Robinson a réussi à limiter la casse en terminant deuxième à 67 centièmes de Brignone. L’Américaine Paula Moltzan complète le podium provisoire mais pointe déjà à 1 seconde 24 de l’Italienne. Des écarts inhabituels en première manche, qui reflètent la supériorité technique affichée par la leader du classement général de la Coupe du Monde de géant.
Une piste piégeuse et sélective
Mais au-delà de la performance XXL de Federica Brignone, ce sont surtout les conditions de course qui ont fait parler. La piste de Zwölferkogel a en effet subi une dégradation fulgurante sous l’effet du passage répété des skieuses et de la température relativement élevée. Devenant de plus en plus bosselée et cassante, elle a piégé de nombreuses favorites parties avec des dossards plus lointains.
Ainsi, les Italiennes Sofia Goggia et Marta Bassino sont toutes deux parties à la faute, tout comme la Française Clarisse Brèche qui a chuté violemment. Touchée au genou droit, la skieuse de Courchevel a dû être évacuée sur civière, laissant craindre une blessure sérieuse. Son entourage a indiqué qu’elle souffrait d’une entorse mais des examens complémentaires étaient en cours pour écarter tout autre dommage.
Les conditions étaient vraiment délicates, avec une neige qui marquait beaucoup. Il fallait faire preuve d’un gros mental pour tenir et ne pas se faire piéger. Les écarts sont totalement délirants !
Federica Brignone
Direz et les Françaises en difficulté
Loin de la démonstration de Brignone, les autres Tricolores engagées ont souffert sur cette première manche. Clara Direz, la mieux placée, n’a pu faire mieux que 19e à près de 4 secondes de la tête. Un gouffre dans une discipline où les écarts se jouent habituellement au centième.
Je me suis bien sentie. Je sais que je fais deux grosses fautes, donc je ne m’attendais pas à un temps incroyable. Quand je franchis la ligne, je vois 3 »72, je me dis que c’est beaucoup. Derrière, les filles ne reprennent pas de temps, la neige a beaucoup changé.
Clara Direz
La skieuse du Grand-Bornand va devoir réaliser une deuxième manche exceptionnelle pour espérer accrocher un Top 15 et marquer des points. Un défi relevé qui semble déjà loin des ambitions initiales de l’équipe de France sur cette épreuve.
Brignone en route vers le titre ?
De son côté, Federica Brignone se dirige tout droit vers une consécration mondiale après 11 victoires en Coupe du Monde dont 7 en géant. Sauf énorme retournement de situation, l’or lui tend les bras. Mais l’Italienne devra rester concentrée et ne pas se relâcher en deuxième manche (départ à 13h15) face à une piste qui réserve encore de nombreux pièges.
Une deuxième manche qui s’annonce passionnante et indécise pour les places d’honneur, avec une bataille à trois entre Alice Robinson, Paula Moltzan et la Suissesse Lara Gut-Behrami, 4e à 1 sec 40. De quoi nous offrir un final à suspense pour un géant décidément pas comme les autres. Réponse en début d’après-midi !
Il faut tout de même noter que l’asphalte de Saalbach dégradé à vitesse grand v a grandement avantagé les 6-7 premiers dossards. Même Paula Moltzan, à plus d’une seconde du podium, accusait un retard significatif. Malgré l’indéniable talent de Brignone, n’y aurait-il pas aussi une pointe d’inéquité sportive aujourd’hui ? De quoi remettre en question le format de la course. Matériel, météo, traçage… en géant, il semblerait que tout doit être parfaitement aligné pour que le mérite sportif triomphe…