À quelques jours d’une élection présidentielle américaine sous haute tension, une vidéo devenue virale met le feu aux poudres. On y voit un homme se présentant comme un immigrant haïtien affirmant avoir voté illégalement à plusieurs reprises en Géorgie, un État clé. Mais selon les autorités, tout est faux. Elles pointent du doigt la Russie, qui chercherait à semer le doute et attiser les divisions.
Une vidéo fabriquée de toutes pièces
Dans un communiqué conjoint, le FBI, le bureau de la directrice du renseignement national et l’Agence de cybersécurité affirment que cette vidéo a été “fabriquée de toutes pièces” par des “agents d’influence russes”. L’objectif : “soulever des interrogations infondées sur l’intégrité des élections américaines et attiser les divisions entre Américains”.
Brad Raffensperger, responsable des élections en Géorgie, avait rapidement mis en doute l’authenticité du témoignage, estimant qu’il s’agissait “probablement d’une production des fermes à trolls russes”. Les autorités ont depuis vérifié : l’individu n’apparaît pas sur les listes électorales et les pièces d’identité exhibées sont des faux.
Une tentative pour influencer le scrutin
Ce n’est pas la première fois que la Russie est accusée de chercher à peser sur une élection américaine. En 2016 déjà, Moscou avait été pointé du doigt pour avoir orchestré des opérations de désinformation et de piratage visant à favoriser Donald Trump.
Cette année, les autorités s’attendent à ce que ces tentatives se poursuivent “jusqu’au vote et dans les semaines et mois suivants”. Une source proche du dossier nous a confirmé qu’une vidéo similaire, montrant soi-disant des bulletins pro-Trump détruits, avait aussi été attribuée à des agents russes la semaine dernière.
Elon Musk sous pression pour agir
Le clip incriminé est toujours visible sur le réseau social X, malgré la demande du responsable des élections de Géorgie de le retirer de toute urgence. Une situation délicate pour Elon Musk, le patron de X, qui a pris fait et cause pour Donald Trump face à la vice-présidente démocrate Kamala Harris.
Avec la présidentielle qui approche à grands pas, la pression monte sur les plateformes pour mieux lutter contre la désinformation. En septembre, les autorités ont saisi 32 noms de domaine liés à une campagne d’influence pilotée depuis la Russie. Mais la bataille est loin d’être gagnée.
C’est un exemple de la désinformation ciblée à laquelle nous avons assisté au cours de cette élection et dans d’autres.
Brad Raffensperger, responsable des élections en Géorgie
Le spectre de 2016 plane toujours
Alors que le duel entre Donald Trump et Kamala Harris s’annonce serré, le souvenir de l’élection de 2016, marquée par l’ingérence russe, est dans tous les esprits. Moscou a beau assurer n’avoir “aucune préférence”, beaucoup craignent de nouvelles manœuvres pour déstabiliser le scrutin.
Face à cette menace, les autorités américaines se veulent rassurantes, soulignant avoir pris des mesures sans précédent pour sécuriser le vote. Mais dans un climat de défiance exacerbé, où même une simple vidéo peut enflammer les réseaux sociaux, le défi s’annonce immense. L’enjeu : préserver la confiance des électeurs dans un processus démocratique sous pression comme jamais.